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Retour sur le lancement du Tour de France des 20 ans du FIPHFP, à Paris, le 11 février 2025

A l’occasion de la journée anniversaire des 20 ans de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, le a organisé, mardi 11 février 2025, la 1ère étape de son Tour de France anniversaire. L’occasion pour les 165 participants présents à la Cité Universitaire de Paris d’assister à plusieurs temps forts, dont la remise des Trophées Emploi public et Handicap aux employeurs franciliens.

20 années de mobilisation pour l’emploi des personnes handicapées dans la Fonction publique

En introduction à cette matinée, animée avec humour et bienveillance par Adda Abdelli, scénariste et comédien et co-auteur de la Série Vestiaire. Françoise Descamps Crosnier, présidente du Comité national du , a rappelé l’importance de l’action du FIPHFP. Elle a ainsi annoncé une nouvelle progression du taux d’emploi des personnes handicapées dans la Fonction publique. Ce dernier approche le taux légal de 6% et atteint désormais 5,93% (données issues de la DOETH 2024). Françoise Descamps-Crosnier a toutefois souligné le travail restant à réaliser en matière d’emploi. En effet, le taux de chômage des personnes en situation de handicap atteint 12% (contre 7,5% pour la population active). Pour répondre à cet enjeu, le FIPHFP se dote d’un plan stratégique avec une double ambition à horizon 2030 :

Être devenu un acteur de référence auprès des employeurs publics et des pouvoirs publics en qualité de vie et conditions au travail, dans le champ de la prévention comme dans le champ de la compensation, grâce à son expertise, à des dispositifs accessibles et innovants et à son ancrage territorial ;

Faire en sorte que les employeurs publics aient atteint un taux d’emploi des personnes en situation de handicap au moins égal au taux légal dans chacun des 3 versants de la Fonction publique et chacune des 3 catégories A, B et C.

Si le FIPHFP a pour mission d’augmenter l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap, il joue également un rôle important dans l’amélioration de la qualité des collectifs de travail et, plus largement, dans la construction d’une société réellement inclusive.

Françoise Descamps-Crosnier, présidente du Comité national du FIPHFP

 

 

 

George Pau-Langevin, adjointe en charge de la lutte contre les discriminations et de la promotion de l’égalité de la Défenseure de droits, a ensuite souligné que le handicap fait partie des causes principales de saisine sur les sujets de discrimination, principalement sur le sujet de l’emploi : aménagement tardif du poste de travail en période d’essai, non-respect de préconisations du médecin de prévention. Elle a également rappelé la notion centrale d’obligation d’aménagement raisonnable pour les employeurs.

Depuis la loi de 2005, nous avons beaucoup progressé, mais il faut que nous continuions à explorer des nouveaux domaines pour lutter contre les discriminations.

George Pau-Langevin, adjointe en charge de la lutte contre les discriminations et de la promotion de l’égalité de la Défenseure de droits

 

Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée de l’Autonomie et du Handicap, a tenu à adresser un message aux participants et plus largement aux employeurs publics à travers une vidéo :

Pour clore cette séquence introductive, Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, est revenu sur la date historique que représente le 11 février. Il a rappelé que le combat global pour l’insertion des personnes handicapées est loin d’être gagné et qu’il faut questionner les enjeux d’avenir : « Que sera la Fonction publique en 2050 ? Comment aura-t-elle géré des phénomènes démographiques, climatiques ou encore numériques ? ». Laurent Marcangeli a également souligné que l’un des principaux enjeux, pour la fonction publique d’Etat notamment, est de favoriser l’accès à la formation pour les personnes en situation de handicap, notamment afin qu’elles accèdent à un haut niveau de formation et répondent ainsi aux besoins de l’administration. Il a terminé son propos en rappelant le chantier de la simplification qui concerne aussi l’accueil et l’accès des personnes handicapées aux formalités administratives.

La date du 11 février est à marquer d’une pierre blanche pour notre société et pour votre Fonds.

Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification

 

20 ans après, où en est l’inclusion professionnelle dans la Fonction publique ?

Telle est la vaste question à laquelle les participants à la table ronde ont cherché à répondre. Agents en situation de handicap, référents handicap, , représentants du Service Public de l’Emploi ou encore l’association Arpejeh représentant les jeunes en situation de handicap ont porté des regards croisés sur l’évolution de l’inclusion professionnelle au sein des trois versants de la Fonction publique.

Véronique Nougayrede, chargée de mission handicap en situation de handicap au sein du Ministère des Armées, a apporté sa double vision personnelle et professionnelle : « Mon regard est extrêmement positif sur le volet professionnel car, au sein du Ministère des Armées, nous avons un engagement commun avec le FIPHFP grâce au conventionnement. Cet engagement se traduit notamment par la création d’un réseau de référents handicap, l’aménagement matériel ou immatériel des postes de travail et la formation continue du réseau des personnes qui accompagnent les personnes en situation de handicap ».
 
Pierre Marragou, chargé de projet européen au sein du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis et non-voyant, est ensuite intervenu pour évoquer son expérience au sein de la Fonction publique : « La loi de 2005 a apporté deux choses : les contraintes et les moyens. Ces deux éléments ont permis de faire bouger les choses. Ce que je retiens de mon expérience dans les deux collectivités où j’ai travaillé, c’est qu’aujourd’hui la prise de poste se déroule bien grâce à la loi, au FIPHFP et aux collectifs de travail. Il existe une prise de conscience importante sur le handicap. Les aides sont connues. En revanche, deux éléments sont encore des sujets sur lesquels il y a encore beaucoup de progrès à faire :

  • ce qui peut se passer une fois que l’on est en poste (accessibilité, évolution de carrière, formation),
  • la question de l’accessibilité numérique : il y a beaucoup à faire pour que les environnements numériques de travail soient compatibles avec les outils informatiques adaptés utilisés par les personnes malvoyantes ».

Hugues Thibault, président du comité des usagers du FIPHFP, est ensuite revenu sur le rôle du comité des usagers du FIPHFP, créé en 2023 et outil de consultation directe des personnes touchées par le handicap dans les trois versants de la Fonction publique. Le comité vise à faire remonter le regard croisé des agents bénéficiaires des accompagnements du FIPHFP afin de faire des propositions pour améliorer la mise en œuvre de la politique handicap : « Il est intéressant de s’interroger sur la complexité des outils afin de les mener jusqu’au cœur des employeurs qu’il s’agisse d’une grande ou dans une petite collectivité ». Cinq thèmes ont été traités depuis 2 ans par le comité des usagers du FIPHFP : les aides techniques, les parcours et l’évolution professionnels, l’apprentissage, le retour à l’emploi après un congé maladie long, les handicaps psychiques et neuro-atypiques.

Noémie Schoebel, directrice des ressources humaines du GHU Paris Psychiatrie Neurosciences, un des premiers établissements hospitaliers à avoir conventionné avec le FIPHFP, a rappelé l’importance du conventionnement pour un centre hospitalier : « La convention nous oblige à avoir des résultats chiffrés et mesurables. La difficulté est pour les DRH de la fonction publique hospitalière de conduire ces politiques long terme dans un contexte d’actions court terme du fait des problématiques soulevées pendant et après covid sur l’attractivité, les besoins en compétences et les conditions de travail ».

Frédérique Lancestremere, DRH de la Ville de Paris, sous convention avec le FIPHFP depuis 2008, a souligné que le regard sur le handicap, mais aussi les métiers de la Fonction publique ont évolué et qu’il faut que les outils numériques évoluent également : « Depuis 20 ans, notre vision a changé : le handicap n’est plus uniquement le sujet de la DRH, mais un sujet pris en compte dans toutes les directions opérationnelles et dans tous les postes de la DRH. Nous nous posons la question du handicap pour chacun de nos recrutements. Il y a, au sein de la Ville de Paris, une continuité primordiale de l’ambition et du portage au plus haut niveau de la collectivité, notamment politique ».

Myriam Seddiki, responsable du service Qualité de vie au travail au sein de Grand Paris Sud, a expliqué de quelle façon le sujet a été intégré dans cette jeune collectivité qui a vu le jour en 2016. Cette dernière a fait le choix de conventionner dès sa création, en actant rapidement le portage de la politique handicap au niveau de la direction et l’incarnation de cette politique via un référent handicap à temps plein. « Notre politique handicap intègre la politique de prévention des risques au travail plus large. Au-delà des personnes reconnues en situation de handicap, nous accompagnons tous nos agents qui ont une santé dégradée, avec un réseau de terrain de 40 référents Egalité professionnelle & Handicap », a-t-elle détaillé.

Sandrine Sophys-Veret, cheffe de mission SRH Egalité, Diversité et Insertion des jeunes au Ministère de la Culture, a souligné que ce dernier est historiquement très actif sur la question du handicap et notamment de l’accès à la culture. En matière d’emploi, la 1ère convention avec le FIPHFP a été signée en janvier dernier. Cette dernière a permis de structurer la politique Emploi & Handicap au sein du ministère :  « Nous avons embarqué tous les services qui doivent œuvrer dans une politique Emploi & Handicap (RH, services numériques, communication, achats…) à travers des groupes de travail auxquels ont aussi participé des agents en situation de handicap du ministère et leurs encadrants ».

Jérémy Arnault, responsable des partenariats au sein de l’association Arpejeh qui promeut la formation et la qualification des jeunes en situation de handicap de 15 à 30 ans, a constaté l’augmentation du nombre de jeunes présents dans l’enseignement supérieur, mais aussi leur méconnaissance des métiers de la Fonction publique et des modalités de recrutement. Il a également souligne que : « Arpejeh a aussi pour ambition d’accompagner les jeunes en situation afin qu’ils connaissent mieux leurs droits ».

Jean-Christophe Bonnin, adjoint à la directrice du programme inclusion des personnes en situation de handicap au sein de la Direction générale de France Travail, a rappelé la simplification qui s’est opérée, au sein du Service Public de l’Emploi, concernant l’accompagnement des demandeurs d’emploi en situation de handicap avec la création de lieux uniques d’accompagnement où des « Team Handicap » accueillent ces derniers, mais aussi l’ensemble des modalités de recrutement proposées aux employeurs publics dont l’expérimentation pour les employeurs handi engagés débutant prochainement.

En conclusion, chaque intervenant a exprimé sa vision ou son souhait pour l’avenir. A l’image de Frédérique Lancestremere, DRH de la Ville de Paris, qui a interpellé les employeurs et le FIPHFP : « Soyons audacieux ensemble » -

Patrick Gohet, l’un des rédacteurs de la loi de 2005 en tant que délégué interministériel aux personnes handicapées, a conclu cette table ronde en rappelant la genèse de la loi de 2005 et son héritage : celui des deux lois de 1975 qui ont été une base pour la mise en place d’une nouvelle législation. Il a insisté sur le fait que : « Le handicap est une réalité multiforme. Dans un objectif d’une plus grande autonomie possible des personnes, il nécessite de combiner deux réponses : une réponse collective à travers une accessibilité sous toutes ses formes et une réponse individuelle à travers une compensation adaptée, évolutive et durable ».

Trophées Emploi public et handicap - L’innovation des employeurs publics franciliens mise à l’honneur

A l’issue de la table ronde, s’est déroulée la remise des trophées Emploi public et Handicap du FIPHFP en Île-de-France introduite par Christophe Jean, président du Comité local Ile-de-France pour le FIPHFP et adjoint du Préfet, secrétaire général aux moyens mutualisés de la Préfecture de Paris et l’Île-de-France, et Najoua Benfella, directrice territoriale handicap du FIPHFP en Île-de-France, directrice adjointe IDF, Banque des Territoires, Caisse des dépôts.

Les dix-huit employeurs publics franciliens, candidats à ces trophées, étaient présents. Cinq d’entre eux ont été récompensés pour des actions innovantes en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap :

  • L’Assurance retraite Caisse Nationale ( ) dans la catégorie Recrutement et intégration pour le dispositif de tremplin mené en partenariat avec l’ANRH
  • La Région Île-de-France dans la catégorie Accessibilité universelle pour le concours « Handicap, les agents engagés pour une région plus inclusive »
  • Le Département de Seine-Saint-Denis dans la catégorie Maintien dans l’emploi pour son dispositif d’accompagnement humain des agents en situation de handicap psychique
  • Le Département du Val d’Oise dans la catégorie Communication et sensibilisation pour l’organisation des Paralympiades
  • La Ville de Paris, coup de cœur du public pour son dispositif de pair-aidance

    En clôture à cette matinée riche en échanges, Marine Neuville, directrice du FIPHFP, a tenu à remercier l’ensemble des intervenants et participants au lancement du Tour de France des 20 ans du FIPHFP. Elle a également présenté les enjeux et ambitions stratégiques du Fonds à horizon 2030 :

    Nous devons avoir demain la possibilité de recruter des encadrants en situation de handicap et de former des agents de catégorie B ou C pour accéder à ces postes d’encadrement. La formation des cadres de la Fonction publique est également un enjeu essentiel car ils seront amenés, dans leur carrière, à travailler avec des collaborateurs en situation de handicap. Il est indispensable que ce sujet soit déployé dans toutes les écoles de la Fonction publique. Un autre enjeu porte sur le développement de la participation des personnes en situation de handicap aux politiques publiques qui les concernent. Il nous faut aussi continuer à professionnaliser l’ensemble des acteurs mobilisés. Nous devons continuer à agir pour que le handicap soit porté par tous, à tous les niveaux pour garantir des conditions de travail qui permettent une insertion professionnelle réussie des agents en situation de handicap. Ces enjeux portent l’Ambition stratégique FIPHFP pour 2030.

    Marine Neuville, directrice du FIPHFP

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