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Les CDG à votre service n°3 - Le CDG du Nord développe des expérimentations en matière de maintien dans l’emploi

Pour ce 3ème épisode de notre série sur l’accompagnement innovant proposé par les centres de gestion aux employeurs publics territoriaux et à leurs agents, la parole est donnée au centre de gestion de la fonction publique territoriale du Nord (CDG59). Depuis 2019, ce dernier a adopté une approche spécifique pour accompagner le retour en emploi des agents après un arrêt maladie. Rencontre avec Céline Mazzoni-Wambeke, directrice adjointe du CDG59, et Laure-Hélène Eb, psychologue du travail au sein du Pôle Prévention Santé Travail du .

De quelle manière avez-vous été amenées à travailler sur ce sujet ?

Le CDG59 s’est engagé en 2019 dans un projet de Recherche Action « Santé mentale au travail » visant à ce que chaque acteur de la désinsertion professionnelle transforme sa vision des choses. Des réunions ont été organisées où chaque groupe (employeurs, syndicats, professionnels de santé, agents) a échangé pour se mettre à la place de l’autre.

 

Un groupe d’agents en arrêt maladie long suite à une problématique de santé mentale au travail a notamment été constitué, en partenariat avec la CNAM. Nous sommes partis de situations gérées par le conseil médical avec un constat fort : plus de 40% des dossiers qui passaient au conseil portaient sur des pathologies relevant de la santé mentale. Une situation dont nous n’étions pas forcément au courant au sein du pôle Prévention Santé Travail. Notre idée a alors été d’intervenir en amont afin d’éviter des situations où l’arrêt perdure.

 

Dès leur premier passage en conseil médical, nous avons adressé un courrier aux agents pour leur proposer de participer à ce groupe de travail et lutter contre l’isolement et l’incompréhension. Plus de 200 courriers ont ainsi été envoyés en un mois et le premier groupe d’agents a été constitué. Aujourd’hui ces groupes d’agents en arrêt perdurent en dehors du projet de Recherche Action. Ils sont des lieux de libres échanges et de questionnements.

Plus globalement, l’ensemble des groupes se sont rapidement rendus compte que les agents étaient perdus dans les méandres de l’administration et de la médecine de santé.

Pour répondre à cette problématique, nous avons créé des vidéos, ainsi qu’un guide des agents en arrêt (2022) pour expliquer les droits, ce que l’on a le droit de faire et les procédures. Il s’agit de rendre accessible le droit et les aspects statutaires et réglementaires aux agents. Un outil apprécié par les agents, mais aussi par les employeurs publics.

Cliquez ici pour découvrir le guide élaboré par le CDG59

Un guide à destination des employeurs « Regards Croisés » a également été créé afin de lever les tabous et d’améliorer la communication avec les agents.

Cliquez ici pour le découvrir

Le CDG59 travaille également, pour parution courant 2024, à un guide pratique, à destination des employeurs, sur les procédures de maintien dans l’emploi.

Vous avez également développé une réflexion sur la reprise d’emploi après un cancer du sein. Comment cela s’est-il passé ?

Notre médecin coordonnatrice était membre du groupe des experts en santé, mais elle travaillait aussi au sein du projet Cancer et Travail avec le Nouvel Institut. Les travaux se sont croisés autour d’un constat commun : le travail est constructeur de santé. Nous nous sommes interrogées sur la posture à adopter par l’agent, l’employeur, l’ensemble du collectif de travail et le personnel soignant, si l’agent souhaite une reprise du travail tout en étant en maladie. L’agent doit être acteur de sa propre santé et de sa remise au travail.

Une transformation des pratiques et des statuts est nécessaire pour trouver des solutions dérogatoires et permettre ainsi une poursuite du travail dans des conditions adaptées. Il faut mettre plus de souplesse dans les accompagnements car le modèle historique du maintien dans l’emploi est contraignant.

 

Nous nous sommes intéressées au secteur privé où EDF et Sanofi ont testé des dispositifs de pair-aidance en interne. Nous avons également expérimenté une fiche de liaison pour faciliter la relation entre l’agent et les différents médecins du parcours de soin (médecin du travail, médecin traitant, spécialistes…) afin de construire la reprise du travail avec l’agent qui reste le porteur cette fiche.

Un autre volet, plus récent, de votre action concerne la pair-aidance évoquée ci-dessous. En quoi consiste-t-elle ?

Nous souhaitions en effet mettre en place un coordinateur expert pair-aidant au sein du CDG59, un projet soutenu au titre des projets innovants par le FNP (Fonds national de prévention) et par le FIPHFP. Il s’agira, pour cette personne qui est en cours de recrutement, de structurer et de coordonner un réseau de pair-experts et de pair-aidants sur l’ensemble du département du Nord. Ce réseau s’appuiera notamment sur une plateforme informatique qui permettra aux agents d’échanger de façon informelle afin de rompre la solitude et d’échanger sur les ressources à leur disposition. La pair-aidance s’appuie, en effet, sur la dimension expérientielle de la maladie et de la situation vécue.

Les pair-experts pourront, par exemple, être des managers qui parlent à d’autres managers qui ont participé à la réintégration d’un agent de retour de longue maladie. Sur la base d’échanges informels, ils pourront confronter leurs expériences et s’enrichir du vécu de chacun. Le pair-aidant doit permettre, de son côté, aux agents d’échanger sur ce qui a été vécu, notamment sur ce qui n’est pas travaillé par les personnels de santé.

Des dispositifs existent dans le secteur privé pour faciliter un retour progressif en emploi. Comment les appliquer à la Fonction publique et son cadre juridique et statutaire ?

Il est intéressant de s’inspirer de ce qu’il se fait dans le secteur privé et de voir de quelle manière faut-il le traduire dans la Fonction publique. Nous réfléchissons actuellement à proposer en expérimentation sur un outil de type conventionnel qui permettrait de promouvoir un cadre statutaire plus souple en favorisant les interactions quand l’agent est en demande. Le contrat d’initiative concertée, en cours dans le privé, est un outil intéressant. Il permet, par exemple, à un agent de travailler moins de 50% (ce qui n’est pas possible dans le droit public en raison du cadre juridique). Nous voulons expérimenter cela pour faire bouger les lignes, sans bricoler. Nous souhaitons trouver un cadre qui permettrait de rassurer les employeurs et d’engager les agents à reprendre plus facilement le chemin de l’emploi.

Quels conseils donneriez-vous à un employeur public qui souhaite accompagner au mieux les personnes en arrêt longue maladie dans leur retour en emploi ?

  • Ne pas rompre le contact avec l’agent et toujours garder le lien : C’est en écoutant et en échangeant que le lien de confiance se construit ou se maintient. Chaque personne vit sa maladie de façon différente : chacun va vivre différemment les conséquences et le retour à l’emploi. Il est donc important d’échanger sur les conséquences de la maladie sur la santé, plus que sur la pathologie.
  • Ne pas attendre le dernier moment pour échanger avec les agents et anticiper ainsi la reprise et le retour au travail
  • Informer et lutter sur les préjugés, notamment sur ceux relatifs à ce qu’il est possible de faire en arrêt maladie, notamment sur les cas d’épuisements professionnels. Il faut mener un travail d’information sur la façon dont chacun vit sa santé et changer le regard des employeurs publics. 

N’hésitez pas à consulter la vidéo « D’un coup le silence » réalisé par le CDG59 et donnant à la parole à des agents en arrêt longue maladie sur ce sentiment d’isolement et de souffrance :

  • S’adresser aux professionnels des CDG qui sont des personnes relais et ressources pour les agents et les employeurs
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