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Etape du Tour de France des Handicap Invisible en Bourgogne-Franche-Comté - Une étape clé pour déstigmatiser et mieux accompagner le handicap psychique

Le jeudi 5 décembre 2024, Dijon a accueilli la 18ᵉ et dernière étape du Tour de France des handicaps invisibles, initié par le . L’événement, accueilli  par le conseil départemental de Côte d’Or,  s’est déroulé dans une salle comble et chargée d’émotion, et a mis en lumière : le handicap psychique et l’emploi.

À travers des interventions théoriques, des témoignages et des échanges pratiques, la matinée a permis de souligner l’importance de la sensibilisation et des solutions pour une meilleure inclusion professionnelle.

Faire tomber les préjugés sur les handicaps psychiques

« Si les employeurs publics se montrent souvent à l’aise pour aménager des postes en faveur des handicaps physiques, ils avouent manquer de repères lorsqu’il s’agit de handicaps psychiques », a rappelé Marine Neuville, directrice du FIPHFP. Pourtant, comme l’a souligné cette dernière, le travail reste un levier majeur d’épanouissement personnel et d’intégration sociale pour les personnes concernées.

L’objectif de ce Tour de France, démarré en mai 2023, était de rendre visibles ces handicaps « invisibles », tels que les troubles psychiques, les troubles dyslexiques ou encore les conséquences du cancer. À Dijon, cette dernière étape était dédiée au handicap psychique, qui, selon les intervenants, suscite encore de nombreuses craintes et incompréhensions. En s’appuyant sur des experts locaux et nationaux, la matinée a permis de clarifier la notion de handicap psychique, de présenter des outils de compensation et de partager des expériences inspirantes.

Le professeur Jean-Christophe Chauvet-Gélinier, psychiatre à Dijon, a ouvert la session par une présentation pointue mais accessible sur les interactions entre santé mentale et santé physique, entre santé mentale et conditions professionnelles. Il a insisté sur la nécessité d’intervenir dès les premiers signaux d’alerte, avant qu’un trouble psychique ne conduise à l’isolement ou à une rupture prolongée avec l’emploi. « La santé mentale est une composante essentielle de la santé globale. Trop souvent, les troubles psychiques sont sous-diagnostiqués (notamment du fait de la capacité de la personne à pouvoir se confier), et mal compris, ce qui freine les démarches d’accompagnement », a-t-il expliqué.

Une compensation adaptée pour chaque situation

Par nature, le handicap psychique est polymorphe et nécessite des solutions individualisées. Les acteurs présents ont rappelé que chaque situation appelle une analyse spécifique des besoins, qu’il s’agisse d’un aménagement d’horaires, d’une adaptation des tâches ou d’un accompagnement psychosocial renforcé. Plusieurs leviers de compensation ont été mis en avant :

  • L’aménagement des conditions de travail : réduction des objectifs, télétravail partiel, missions redéfinies, ou espaces de travail favorisant la concentration.
  • Le soutien aux relations interpersonnelles : sensibilisation des équipes aux troubles psychiques pour éviter la stigmatisation, mise en place de référents ou de médiateurs.
  • Des solutions de mobilité : comme le recours à des moyens de transport adaptés pour les salariés ayant des difficultés à se déplacer.
  • L’accompagnement par des dispositifs spécialisés : mobilisation de structures comme Cap Emploi ou Challenge Emploi pour établir des solutions sur mesure.

Jérôme G., employé chez ENEDIS, a témoigné de son parcours semé d’embûches, marqué par un diagnostic tardif de troubles du spectre autistique et plusieurs années d’invalidité. Grâce à un accompagnement pluridisciplinaire (Challenge Emploi, service RH, médecine du travail), il a pu retrouver un poste adapté, bénéficier de transports en taxi et se réinsérer dans son équipe de travail. « Le retour à l’emploi a été possible parce qu’il a été préparé en amont et qu’un cadre clair a été défini pour moi », a-t-il témoigné.

Un réseau d’acteurs mobilisés au service des employeurs publics

Pour accompagner les employeurs dans la gestion du handicap psychique, plusieurs dispositifs et acteurs sont à leur disposition :

  • Cap Emploi et ses antennes régionales, qui travaillent avec les employeurs pour définir des plans d’intégration ou de maintien dans l’emploi.
  • L’Appui Spécifique handicap psychique permet de comprendre le fonctionnement de l’agent et d’adapter ses conditions de travail de telle sorte que le travail ne déstabilise pas sa santé psychique. Stéphanie Wetsch, responsable de l’appui spécifique handicap psychique en Franche-Comté, a rappelé l’importance d’intervenir dès les premiers signes de fragilité : « Trop souvent, les employeurs sollicitent ces services trop tardivement, une fois que les arrêts de travail se sont prolongés. Une sensibilisation précoce permet non seulement de protéger les agents concernés, mais aussi de préserver les équipes. »
  • L’emploi accompagné, porté en Côte d’Or par Challenge Emploi, combine un suivi individualisé de la personne et un soutien direct aux équipes encadrantes. Ce suivi favoris en notamment la communication entre les salariés concernés et leurs collègues ou hiérarchies.
  • Les programmes de formation et de sensibilisation : des outils comme le Guide du handicap invisible, distribué lors de l’événement, ou les formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM), aident les employeurs et les équipes à mieux comprendre les enjeux du handicap psychique et à lever les tabous.

    Les professionnels de santé, comme les médecins du travail ou les infirmiers en pratique avancée, jouent également un rôle clé en identifiant les besoins spécifiques de compensation.

    Un engagement durable pour l’insertion professionnelle

    En conclusion, cette étape dijonnaise a illustré à quel point une mobilisation collective est nécessaire pour accompagner les troubles psychiques dans le monde du travail. Le FIPHFP espère que les témoignages et outils partagés lors de ce Tour de France inciteront les employeurs publics à s’emparer des dispositifs existants. « Nous avons montré qu’un accompagnement individualisé, soutenu par un réseau d’acteurs compétents, permet non seulement de surmonter les difficultés, mais aussi de valoriser les talents des personnes concernées », a souligné Fabrice Geurts, directeur territorail handicap du FIPHFP.

    Avec ces initiatives, l’objectif est clair : construire des environnements professionnels plus inclusifs, où chacun trouve sa place, quelles que soient ses spécificités.

     

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