Jeudi 25 janvier se déroulait, au sein de la Préfecture de Paris, l’étape du Tour de France des handicaps invisibles d’Île-de-France, rassemblant plus de 150 personnes autour de la thématique « Handicap psychique et emploi : et si nous réinventions ? ».
Troubles psychiques, quels enjeux ?
Christophe Jean, adjoint du Préfet et Secrétaire général aux moyens mutualisés, a introduit cette étape et rappellé l’implication de la région Ile-de-France dans la promotion des personnes atteintes de troubles psychiques en introduisant quelques chiffres de mise en contexte :
- Le handicap invisible est un état de fait : 80% d’entre nous seront confrontés à ce type de pathologie directement ou non). Un Européen sur quatre en sera directement atteint.
- 15% des 10/20 ans ont besoin d’un suivi ou de soins.
- 8% des Français de 15 à 85 ans ont souffert de dépression.
Mohamed Ayadi, directeur territorial du FIPHFP en Île-de-France, a ensuite souligné les « synergies possibles entre FIPHFP et la Banque des Territoires » avec pour objectif de toucher un public toujours plus large.
Séverine Baudouin, directrice adjointe du FIPHFP, a également rappelé que l’implication du FIPHFP auprès des employeurs publics depuis 2006 et sur les handicaps invisibles depuis 2022.
Une intervention inspirante de Josef Schovanec
Josef Schovanec, philosophe, écrivain et voyageur souffrant de troubles autistiques, est venu témoigner de son expérience à travers un discours impactant, touchant et drôle. Voici quelques éléments clés à retenir de son intervention :
- Personne n’est omnipotent ou omniscient, pas plus les personnes en situation de handicap que les valides.
- Nous gagnerions à nous intéresser à ce qui fonctionne plutôt qu’à ce qui dysfonctionne.
- Il faudrait façonner des postes en fonction des profils et ne pas rester collés aux « fiches de poste ».
La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres.
Josef Schovanec
Des tables rondes pour mieux penser l’insertion de personnes touchées par les troubles psychiques
Une première table ronde était consacrée à la thématique « L’emploi, une dimension essentielle du rétablissement ». Elle a réuni des employeurs de la Fonction publique, acteurs publics et spécialistes de la santé :
- Aude Caria, Directrice de Psycom santé mentale info,
- Isabelle Amado, Psychiatre et praticien hospitalier,
- Jean-Philippe Cavroy, Directeur général de la fédération santé mentale France,
- Emmanuelle Rémond, Déléguée départementale UNAFAM Paris,
- Thierry Lartigue, Référent handicap des ministères sociaux,
- Aude De La Source, Chargée d’insertion pro au sein du GHU Paris, Psychiatrie et Neurosciences,
- Maylis Boxberger, Chargée de développement territorial du FIPHFP
A retenir
- Il est primordial de faire la différence entre incapacité et incompétence.
- Pour chaque handicap, chaque dimension de la maladie, il existe des outils spécifiques pour accompagner les personnes : il faut construire des parcours d’insertion sur mesure avec l’ensemble des partenaires.
- Il faut aller plus loin pour changer les regards, pour déstigmatiser les personnes en situation de handicap, notamment grâce au lien avec les médecins du travail.
- Le travail des partenaires ne s’arrête pas quand la personne a trouvé un emploi : il doit y avoir un suivi, un back up durant l’ensemble du parcours professionnel pour garantir la meilleure insertion professionnelle possible.
- Les chiffres sont inquiétants : 72 % des personnes souffrant de troubles psy ont déjà travaillé, mais seules 17 % continuent de travailler.
Une seconde table ronde avait pour thème « Faire de la santé mentale le sujet de la grande cause pour l’année 2025 ». Elle a réuni :
- Claudie Gay, psy du Travail, coordinatrice et référente DEA (LADAPT92),
- Bertrand Denis, coordinateur chargé de cogestion et d’insertion (Clubhouse PARIS),
- Mélanie Duval, chargée de mission handicap et process RH Ville de Paris,
- Frédérique Zimmer, directrice des opérations (ARHIM),
- Carmen Delavaloire, directrice de CEAPSY et gestionnaire GEM fondation FALRET,
- Stéphane Cognon, médiateur en santé pair au sein du GHU Paris Psychiatrie et neurosciences,
- Marie-Aude Morterol, Membre du Clubhouse Paris.
A retenir
- Le dispositif d’emploi accompagné (DEA) met l’accent sur la rapidité, le rôle du médecin du travail, le fait de prendre le temps de trouver et construire ensemble des outils.
- Le témoignage émouvant de Marie-Aude Morterol qui témoigne que, à son époque, : « tous les dispositifs dont on a parlé ce matin n’existaient pas », qu’elle a trouvé de l’entraide et de la solidarité au Clubhouse, ce qui lui a donné envie de revenir vers l’emploi (aide pour le CV, pour le projet pro … etc) grâce à la Pair-aidance.
- Le témoignage de Stéphane Cognon, autrefois atteint de troubles psychiques (entre ses 20 et ses 25 ans) et qui, à 48 ans, a décidé de suivre une formation d’un an pour devenir pair-aidant professionnel : « Ça ne s’improvise pas d’être pair aidant, ça nécessite une formation »
- Au sein des entreprises, Il est primordial de faire de la prévention grâce à un outil utile : une formation aux premiers secours en « santé mentale » afin d’avoir les bons réflexes et de dédramatiser
- Le rôle clé du FIPHFP qui aide les employeurs à travers de nombreux dispositifs, avec des approches sur-mesure pour chaque type de handicap, des aides humaines afin d’accompagner de façon spécifique chacun en fonction de sa situation.
La matinée s’est conclue par une intervention de Françoise Descamps-Crosnier, présidente du Comité national du FIPHFP, qui a synthétisé les sujets abordés et rappelé la nécessité de « faire alliance » entre les différents organismes, la Fonction publique, les managers et les personnes atteintes de handicaps.
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