Sur le terrain, les acteurs n’ont pas attendu le décret de décembre 2016 relatif à la mise en œuvre d’un dispositif d’emploi accompagné pour trouver des solutions afin d’amener les personnes en situation de handicap psychique vers l’emploi. Depuis 2012, Messidor, association spécialisée dans l’accompagnement dans l’emploi des personnes ayant des troubles psychiques, a développé un dispositif dédié : le Job coaching.
Une approche innovante dont Thierry Brun, Directeur général de Messidor, explique la genèse : « Certaines personnes ayant un handicap ne souhaitent pas être orientées vers le travail protégé (ESAT ) ou adapté (EA ). D’autres ne souhaitent pas non plus solliciter une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, jugée stigmatisante. C’est pour ces publics que nous avons choisi la méthode anglo-saxonne IPS qui privilégie une mise en emploi direct (Place and Train)
».
Job coach, un accompagnement sur mesure dans l’emploi
Messidor compte actuellement 14 Job coachs intervenant sur 7 départements (Drôme, Isère, Loire, Rhône, Haute-Savoie, Charente et Charente-Maritime). Leur rôle : accompagner la personne souffrant de troubles psychiques dans son cheminement professionnel, tout au long de son retour vers l’emploi et de façon personnalisée.
En amont de la recherche d’emploi, plusieurs étapes clés doivent être remplies :
- Identification des compétences de la personne,
- Compréhension des difficultés sur le poste de travail,
- Evaluation de la motivation de la personne, la motivation étant le facteur clé de réussite,
- Définition d’un projet professionnel.
La démarche d’accompagnement dans l’emploi part des besoins et des envies de son bénéficiaire et s’appuie sur une confrontation rapide à l’emploi : stage et CDD courts dès les premières semaines. Il s’agit de remettre rapidement un pied dans l’emploi. Les Job coachs très impliqués dans leurs bassins d’emploi en connaissent les potentiels et repères rapidement les emplois disponibles.
Ils sont également présents au quotidien pour accompagner les salariés et les employeurs durant la période d’activité. Lors de l’intégration en entreprise, cet accompagnement est intensif : tant auprès de la personne, qu’en matière de conseil pour les aménagements de poste ou de sensibilisation du collectif de travail. Par la suite, l’accompagnement devient dégressif et intervient en fonction des besoins via des bilans et évaluations « à la demande » jusqu’à l’autonomie complète de la personne.
Christian Lazareth a ainsi bénéficié de cet accompagnement : « Je me sentais un peu à la frontière avec le monde du travail, avec des peurs et une perte de confiance. Cela me parlait le Job coaching. Je sentais que j’avais des compétences et l’envie de travailler. Ce qui m’a le plus parlé, c’est la personnalisation, le fait que ce soit un cadre. Cela m’a donné le temps de revenir sur mon parcours professionnel, de faire des stages, de me réajuster…
». Depuis mars 2006, il a intégré par la Communauté de communes des collines du Léman en qualité d’agent d’accueil.
Un dispositif qui fait ses preuves
Bernard Pachou, psychiatre, professeur de psychopathologie à l’Université Paris Diderot et membre du conseil scientifique du FIPHFP, qui a travaillé à la mise en place de ce dispositif aux côtés de Messidor en souligne l’intérêt : « Le Job coaching illustre bien le renouvellement des pratiques sociales d’accompagnement de ce public. Il suscite l’intérêt de nombreux acteurs de terrain désireux d’expérimenter ce type de pratique. L’expérience de Messidor, l’un des pionniers en France dans ce domaine, s’annonce prometteuse par ses résultats en termes d’insertion après 4 ans d’expérimentation, et contribue à confirmer l’intérêt de ce mode d’accompagnement
».
Lancé en premier lieu à Annecy, en 2012, le dispositif a rapidement suscité l’intérêt des personnes et des employeurs publics et privés. Dès la première année, des dizaines de contrats de travail ont été établis. Sur l’année 2017, 183 contrats ont été signés avec un taux de 75% de maintien dans l’emploi après 3 ans de contrat.
L’enjeu pour l’avenir : élargir le dispositif. Un objectif que défend Thierry Brun, directeur général de Messidor : « C’est un enjeu important pour le secteur médico-social. Il faut redéployer les moyens pour accompagner au mieux les personnes en situation de handicap psychique directement en emploi. Il faut trouver un modèle économique pour l’emploi accompagné car l’enveloppe financière accordée par l’Etat ne suffit pas
».
Retrouvez le détail de ce dispositif d’emploi accompagné sur http://www.jobcoaching-ara.fr/