Les troubles psychiques impactent les personnes dans leur vie quotidienne, notamment dans leur vie professionnelle. Quelles en sont les conséquences ? Comment les accompagner au mieux vers l’emploi ? Rencontre et réponses avec Denis Leguay, médecin psychiatre et président de l’association Alpha, en région Pays de la Loire.
Accompagner et sécuriser la vie professionnelle
Le handicap psychique n’est pas un attribut de la personne : il s’agit de la situation que rencontre une personne qui souffre de troubles psychiatriques souvent sévères, invalidants, dans sa vie quotidienne. Dans certains contextes dans la vie professionnelle, cette personne va rencontrer des difficultés de communication, des difficultés bien saisir ce qui lui est demandé, ou pour exécuter des tâches par exemple.
En effet, la problématique du handicap psychique au travail est une problématique de communication. Dans le monde du travail, il faut comprendre la position de l’autre, mémoriser ce qu’il vous demande et effectuer cette tâche en la séquençant d’une manière appropriée et productive. Cela peut générer, chez une personne ayant des troubles psychiques, une situation d’angoisse : elle peut être intimidée, inhibée, découragée. Ce n’est pas le travail lui-même qui pose problème, mais de s’organiser mentalement pour le faire et de mettre en œuvre une démarche relationnelle.
Cette personne doit être guidée et sécurisée, en l’accompagnant dans les tâches qu’elle a à faire, en lui montrant qu’elle est capable de les faire et, si nécessaire, en rencontrant sa hiérarchie pour déminer les difficultés qu’elle peut rencontrer dans l’exercice de son travail.
Inclure la personne dans la société
L’embauche d’une personne présentant des troubles psychiques, et plus largement en situation de handicap, est une bonne chose pour la société toute entière. A partir du moment où une personne est incluse dans la société, elle souffre moins car elle est intégrée. Elle a un meilleur moral et va donc être moins consommatrice de soins.
Le travail est un espace de socialité, de réalisation de soi, de vérification de l’estime de soi, de vie relationnelle et affective.
Pour les employeurs, les personnes en situation de handicap psychique peuvent être des marqueurs des difficultés, des tensions qui peuvent exister dans le collectif de travail. Les DRH sont de plus en plus sensibles à ces pathologies psychiques. L’intérêt que suscite le phénomène du burn-out en est un exemple. Ces troubles sont une des causes majeures d’arrêt de travail. Le point fondamental est d’appréhender la relation de la personne à son travail et sa capacité à travailler.
L’emploi accompagné : une réponse adaptée
Pour favoriser l’insertion, l’embauche et le maintien dans l’emploi des personnes présentant des troubles psychiques, l’emploi accompagné est une réponse tout à fait pertinente. Il va permettre d’accompagner la personne dans son approche de l’entreprise et de sa fonction, de la réassurer et de déminer les difficultés qui peuvent surgir. Le job coach a un réel intérêt car il décrypte, rassure et permet d’avoir quelqu’un qui peut intervenir rapidement et in-situ.
Le job coach sera également l’interface avec l’employeur pour les difficultés qui peuvent apparaître. C’est un accompagnement réciproque. Quand on comprend le « pourquoi » d’une situation, on l’accepte. L’empathie et la bienveillance sont indispensables.
Le dispositif réussit quand la personne gagne en autonomie, quand elle a de moins en moins besoin de son accompagnant.
Plus on s’adapte aux situations singulières, plus les résultats sont probants. Il n’y a pas un dispositif, mais des dispositifs différents en fonction des personnes. Il faut conserver cette souplesse du sur-mesure.