Sous convention avec le FIPHFP depuis 2011 ; la Ville de Toulouse, Toulouse Métropole et l’établissement public du Capitole expérimentent et déploient des dispositifs d’accompagnement au retour dans l’emploi de leurs agents en congés longue maladie. Rencontre avec Frédéric Lacaze, référent handicap des deux collectivités, qui nous explique la façon dont ce sujet central a été questionné et accompagné.
Comment avez-vous été amené à réfléchir à cette problématique spécifique ?
Trois éléments expliquent la réflexion menée au sein de la Ville, de la Métropole et de l’établissement public du Capitole. J’ai tout d’abord été confronté à cette problématique, en tant que manager, à travers la situation d’une collaboratrice. De plus, dans le cadre du DU Référent handicap, j’ai eu l’occasion d’assister à la présentation des travaux d’une chercheuse sur l’accompagnement des personnes ayant un cancer. Enfin, en 2021, nous avons organisé une rencontre avec des agentes et agents des deux collectivités qui ont fait part de leur expérience et des problématiques rencontrées pendant leur arrêt ou lors de leur retour.
Ce triple contexte m’a rendu particulièrement réceptif au travail de recherche action mené par le Nouvel Institut, en partenariat avec le FIPHFP. Nous les avons alors contactés pour être intégrés à leur expérimentation.
Comment s’est déroulé le travail avec le Nouvel Institut ?
Quels dispositifs avez-vous ainsi expérimenté ?
Parmi les dispositifs que nous pourrions tester au sein de nos collectivités, je peux citer le ré-accueil intégré après un arrêt, ré-accueil par le manager et le collectif de travail, mais aussi via une visite avec le médecin du travail. Il s’agit d’appliquer le process d’accueil d’un nouvel arrivant pour un agent qui a été en arrêt long. Il est important de mettre en place une procédure que la personne se sente accueillie. Il faut également préparer le manager et l’équipe : l’agent qui revient après un cancer n’est pas le même que celui qui est parti. Sensibiliser le collectif de travail permet d’éviter un mauvais accueil à la reprise qui pourrait engendrer un nouvel arrêt de travail.
La convention temporaire d’initiative concertée est également expérimentée au sein de l’établissement public du Capitole et devrait être testée dans les deux autres collectivités. Il s’agit de mettre en place une équipe transdisciplinaire composée du manager, des RH, du médecin du travail, du psychologue du travail et de l’assistante sociale si besoin. Cette équipe se réunit avec l’agent qui explique les tâches et l’organisation du travail qu’il a la capacité d’assumer en revenant de congé longue maladie. La convention temporaire d’initiative concertée cadre ce retour. Cela permet d’accompagner le manager et de définir les éléments et la temporalité à mettre en place pour pouvoir réintégrer la personne dans de bonnes conditions. Cela peut parfois amener à positionner, temporairement, la personne sur d’autres missions. Il est primordial que tout cela soit organisé avec l’agent, qu’il cerne bien les missions qui seront les siennes à son retour et que l’ensemble des acteurs soient impliqués et prennent en compte sa problématique de santé.
Enfin, nous souhaitons mettre en place un réseau de pair-aidance. Ce dispositif est inscrit, dans la fiche Actions et Innovation, de notre convention avec le FIPHFP afin de proposer, aux personnes revenant d’arrêt maladie, un accompagnement par un pair.
Dans la lignée de la journée Cancer et Emploi, organisée le 4 février dernier, nous avons également pour objectif de mettre en place d’un groupe de travail pérenne avec l’ensemble des acteurs du retour en emploi (administratif, assistance sociale, management, psychologue, syndicats, agents…) afin de poursuivre notre état des lieux et d’expérimenter de nouveaux dispositifs.
Quelles sont les conditions de la réussite d’un retour dans l’emploi d’un agent de retour de congés longue maladie ?
De mon point de vue, il faut changer de paradigme : si une personne considère que le travail est constructeur de santé pour sa situation, elle doit être accompagnée pour pouvoir reprendre le travail.
Il faut tout d’abord travailler en transversalité avec l’ensemble des acteurs impactés de près ou de loin par le retour au travail de la personne. Il est également primordial d’accompagner le manager pour qu’il ne se retrouve pas seul avec la problématique et prendre également en compte l’environnement de travail.
Quels points de vigilance les employeurs publics doivent-ils prendre en compte ?
Plusieurs éléments me viennent à l’esprit. Il est ainsi important de :