Le Département du Bas-Rhin a signé, le 6 novembre dernier, une convention avec le FIPHFP . Cette dernière confirme la structuration de la politique handicap de la collectivité, qui comprend un volet recrutement et apprentissage ambitieux. L’occasion pour nous de donner la parole à Antoine Fileppi, chargé de mission Handicap au sein du conseil départemental du Bas-Rhin.
L’un des objectifs déclarés dans la convention est de diversifier les types de recrutement. Le Département s’est ainsi engagé à recruter des personnes en situation de handicap sur les 3 années de la convention. 12 contrats d’apprentissage pour des personnes reconnues travailleur handicapé seront notamment déployés dans les services.
Réinterroger ses pratiques de recrutement
Antoine Fileppi explique de quelle manière la collectivité procède : « Nous nous sommes tout d’abord interrogés sur nos pratiques car le conseil départemental recrute régulièrement, notamment des personnes en situation de handicap. Nous ne quantifiions pas cela jusqu’ici. A présent, nous essayons de mieux piloter cette politique de recrutement. Par exemple, sur la question des apprentis, le Département a depuis plusieurs années recours à l’apprentissage - c’est dans son ADN - mais il n’y avait aucune corrélation avec l’intégration de personnes en situation de handicap. C’est désormais évident.
Avec l’apprentissage, nous disposons d’un vrai levier d’actions pour agir sur l’insertion des personnes en situation de handicap. L’apprentissage permet la construction d’un parcours professionnel rassurant pour la collectivité. Avec ce type de contrat limité dans la durée, la collectivité et le maitre d’apprentissage peuvent vérifier l’employabilité de la personne et construire un parcours pour celle-ci dans la collectivité pour, dans un second temps, déboucher sur une titularisation.
L’apprentissage permet également de changer le regard sur le handicap, de lutter contre les préjugés en intégrant pleinement, au quotidien, les travailleurs dans les équipes. Il s’agit plus d’un travail en binôme que d’un recrutement pur et simple. La transmission de savoirs est très importante et nécessite du temps et de la formation pour le tuteur. Une histoire personnelle se noue entre les deux personnes ».
Développer l’apprentissage
Cette histoire fonctionne aujourd’hui très bien au sein du conseil départemental. En septembre 2016, la collectivité comptait un seul apprenti en situation de handicap (apprenti qui est actuellement en CDD au sein de la structure). A la rentrée dernière, ce sont 5 nouveaux contrats d’apprentissage qui ont eté signés :
- 3 sur des postes d’assistantes de direction pour des personnes adultes,
- 2 sur des missions de travaux entretien et restauration collective dans les collèges pour des apprentis plus jeunes.
Ces recrutements ont été opérés sur des secteurs où la collectivité a de réels besoins et des perspectives de recrutement. « Pour l’an prochain, notre enjeu est d’ouvrir le recrutement à d’autres types de métiers, notamment avec niveau d’études plus élevé. Le conseil départemental doit jouer pleinement son rôle d’employeur modèle et ouvrir des voies », souligne Antoine Fileppi.
Une démarche que le conseil départemental ne développe pas seul dans son coin, mais avec l’appui de partenaires. « Les travaux menés au sein du Handi-Pacte Grand Est nous ont permis d’échanger tout au long de l’année 2017, au sein de groupes de travail. L’Adapei locale qui avait des profils de jeunes et de moins jeunes qu’ils suivaient depuis longtemps nous a également beaucoup aidé. Ce « repérage » en amont a permis de sélectionner des profils très intéressants, ce qui était une vraie interrogation pour nous au départ. Allions-nous recevoir des CV compatibles avec nos besoins ? Cela a été le cas.», explique Antoine Fileppi.
Sensibiliser pour mieux recruter
Pour recruter des personnes en situation de handicap, il est important d’adopter une approche transversale. Un conseil que détaille Antoine Fileppi : « Lorsque l’on veut jouer sur la politique de recrutement, elle doit s’insérer dans un ensemble d’axes de travail qui vont rendre plus facile et plus évident le recrutement de personnes handicapées. Il faut travailler sur l’ensemble des aspects, notamment sur la communication, la sensibilisation, la formation. Il est beaucoup plus facile de convaincre un manager de recruter une personne en situation de handicap, si lui-même a déjà été sensibilisé, formé ou a accueilli une personne en stage. Il faut créer un climat de confiance pour le manager pour qu’il se sente rassuré et accompagné. Dans cette optique, nous participons à l’opération de Cap Emploi : Un jour, un métier. Cette année, 20 agents ont accueilli des personnes dans leurs équipes lors de la SEEPH ».
S’appuyer sur les aides du FIPHFP
Autre conseil du chargé de mission Handicap du conseil départemental du Bas-Rhin : « L’apprentissage doit être une vraie volonté de l’exécutif de la collectivité. Il est donc intéressant de mettre en avant le panel d’aides proposées par le FIPHFP . Ces dernières qui rendent le recours à l’apprentissage très incitatif pour les employeurs, notamment pour convaincre l’exécutif de s’engager dans cette voie ».