Les directeurs territoriaux au handicap (DTH ) du FIPHFP , au sein des directions régionales de la Banque des Territoires - Groupe Caisse des Dépôts (CDC ), sont les interlocuteurs privilégiés des employeurs publics sur le sujet du Handicap dans chaque région de France. Ils sont les témoins privilégiés de leur mobilisation. A l’occasion des 15 ans du FIPHFP , nous avons donné la parole à l’un d’entre eux : Joël Grostin, DTH en Auvergne Rhône-Alpes, qui tirera sa révérence dans quelques semaines, après huit ans passés au service du FIPHFP . Rencontre.
Depuis votre prise de fonctions, quelles évolutions avez-vous constatées dans la mobilisation des employeurs publics ?
Ces derniers ont découvert le FIPHFP petit à petit. Ils ont ainsi pris conscience de l’intérêt de structurer leur politique handicap et cela a conduit de plus en plus de collectivités et d’hôpitaux à se doter en conventions. Le sujet du handicap est aujourd’hui entré dans leurs préoccupations quotidiennes. Ce n’est plus quelque chose d’exceptionnel.
La fonction publique territoriale a toujours été leader sur le sujet, car les élus sont particulièrement à l’écoute du Directeur Territorial Handicap.
Et pour les plus petites collectivités, le constat est-il le même ?
Oui, dans l’ensemble. Nous avons construit une collaboration très efficace avec les centres de gestion de la fonction publique territoriale (CDG ), qui sont des vecteurs de prosélytisme en direction de leurs collectivités affiliées. Ce sont des relais très actifs. En Auvergne Rhône-Alpes par exemple, tous les CDG sont sous convention avec le FIPHFP et apportent un accompagnement au quotidien sur les questions d’insertion et de maintien dans l’emploi.
Quid de la professionnalisation de vos interlocuteurs au sein des employeurs publics ?
J’ai assisté à une réelle montée en compétences des correspondants handicap, largement initiée par nos soins, notamment dans le cadre des Handi- Pactes. Cette professionnalisation reste pour nous une préoccupation permanente. Il y a, en effet, beaucoup de turnover dans les fonctions RH et handicap au sein de la Fonction publique. Or il faut maintenir la compétence à niveau suffisant pour faire des choses efficaces.
Nos préoccupations quotidiennes : renforcer le rôle des acteurs, les tenir informés des évolutions réglementaires, les professionnaliser.
Concernant les Handi-Pactes, est-ce un dispositif qui a fait ses preuves ?
Assurément ! Depuis leur mise en place en 2012, les Handi-Pactes constituent l’élément incontournable du succès du FIPHFP dans les territoires. Ils permettent de déployer l’action au cœur de toutes les régions, de tous les départements.
Leur valeur ajoutée est importante : professionnalisation des référents handicap, animation de réseau renforcée, organisation de groupes de travail thématiques, modernisation des formats de communication (webinaire, animation à distance…).
Les employeurs sont de plus en plus nombreux à participer, pas forcément tous avec la même expérience. Il devient donc nécessaire de penser à des « groupes de niveau » en fonction de l’expérience de chacun.
Quels sont, à vos yeux, les enjeux d’avenir pour les employeurs publics ?
Ils doivent mettre au cœur de leurs projets RH le sujet handicap, l’intégrer à part entière. Il faut penser inclusion et non plus insertion. Il faut également souhaiter qu’il y ait une plus grande mobilisation des fonds propres de la collectivité, pour laisser au FIPHFP des marges de manœuvre supplémentaires pour financer des sujets plus complexes à haute valeur ajoutée. Le FIPHFP doit être un levier méthodologique d’amplification d’une véritable politique handicap au sein de la collectivité.
Les relations avec les établissements hospitaliers, médico-sociaux et avec les administrations de l’État ne doivent pas non plus être négligées. Les expérimentations menées avec la FHF pour mettre en place un référent handicap mutualisé (RHM ) sur certains territoires ont donné des résultats très intéressants auprès de petits centres hospitaliers et dans le secteur médico-social. Cela a très bien fonctionné en Auvergne Rhône-Alpes. Pour cela, deux conditions doivent être remplies : effectuer un bon « casting » lors du recrutement du RHM et avoir un comité de pilotage qui s’occupe vraiment du sujet.
Nous avons une ambition pour le secteur hospitalier : profiter du fait que celui-ci se réorganise en GHT , pour avoir un ou plusieurs référents handicap dans chaque GHT , de façon à couvrir tout le territoire et à ne laisser aucun établissement sans contact avec le FIPHFP .
Concernant la fonction publique d’État, nous devons travailler en plus grande proximité avec les plateformes régionales RH (PFRH ) de façon à structurer la présence de correspondants handicap des Administrations de l’Etat dans les territoires. Un important travail de repérage et de qualification de ces derniers doit être effectué et les procédures de financement qui sont prises aujourd’hui au niveau central décentralisées.
Vous travaillez pour le FIPHFP , au sein de la direction régionale de la Caisse des Dépôts en Auvergne Rhône-Alpes, depuis 8 ans. Comment avez-vous vu évoluer le Fonds, son organisation ?
Au fil des années, les équipes du FIPHFP se sont fortement professionnalisées. La loi NOTRe a fortement impacté le fonctionnement du FIPHFP , notamment dans les territoires, en mettant en place un DTH par nouvelle région.
Cette professionnalisation s’entoure toutefois de procédures, de process certes nécessaires, mais qui à l’excès deviennent un frein à l’action de terrain. Il ne faut pas oublier l’aspect militant, ce pour quoi nous avons été créés. Avec trop de reporting, de tableaux, de synthèse, nous risquons de passer à côté de notre mission. Il ne faut pas se tromper d’objectifs ! Cette mission demande également de nouveaux moyens dans les territoires, pour mieux déployer l’action du Fonds.
Le FIPHFP a acquis sa légitimité par la connaissance des structures et l’action de terrain que lui ont très vite reconnues les employeurs publics. Il a ensuite gagné sa place dans les instances qui assurent le portage des politiques publiques du handicap. Il est aujourd’hui présent dans toutes les instances comme un interlocuteur actif et reconnu.