Patricia Delorge Auché, médecin de prévention, et Catherine Trémoulet, responsable du service des ressources humaines du CNRS Délégation Aquitaine, accompagnent Julien, jeune agent déficient cognitif. Leur objectif : lui permettre de trouver ses marques dans son poste et s’intégrer durablement.
Après avoir suivi une formation en comptabilité dans le secteur privé, Julien a été embauché fin 2011, en CDD , au sein d’un laboratoire mixte CNRS -Université de Bordeaux. Dès sa visite d’embauche chez cet employeur public, il a rencontré le docteur de la structure :
Je suis très attentive aux agents ayant le statut de travailleurs handicapés. Aménagements de poste, intégration sociale dans les équipes… Autant d’aspects primordiaux pour une prise de fonction réussie. Nous n’avons toutefois pas toujours une vision précise de l’ensemble de ces aspects lors de la 1ère visite.
Docteur Delorge Auché
Les premiers pas de Julien n’ont pas toujours été simples, comme le précise Catherine Trémoulet : « Julien est arrivé dans un environnement de travail compliqué (laboratoire en travaux, vacance momentanée d’administrateur). L’encadrement était peu disponible pour lui apporter le soutien qu’il attendait. Du fait de sa pathologie, il a également rencontré des difficultés importantes pour mémoriser les process de travail différents en comptabilité publique, notamment dans les laboratoires de recherche qui disposent de sources de financement multiples». Même si Julien a suivi, à sa prise de fonction, une formation sur les logiciels spécifiques du CNRS et de l’Université, des difficultés dans la réalisation de la mission sont toutefois apparues : troubles articulatoires, difficultés de concentration et de mémorisation…
Au bout de la 1ère année de CDD , trois possibilités s’offraient à l’employeur :
- mettre fin au contrat ;
- titulariser Julien ;
- renouveler le CDD pour une durée d’un an.
Mobiliser les PPS pour favoriser l’intégration
En raison des difficultés rencontrées, mais également du caractère volontaire de Julien et de sa bonne intégration sociale, cette dernière option, de renouvellement du CDD , a été retenue. Elle s’est accompagnée d’un bilan cognitivo-orthophonique, réalisé dans le cadre d’une Prestation Ponctuelle Spécifique (PPS ) mobilisée avec le Sameth 33. Des experts de l’APF (Association des Paralysés de France), spécialisés dans les déficiences cognitives ont ainsi été mandatés pour :
- identifier les capacités cognitives de l’agent ;
- rechercher les compensations matérielles et/ou humaines envisageables ;
- sensibiliser le collectif de travail.
Comme le souligne le docteur Delorge Auché, intégrée dans la démarche dès le début : « Il s’agit d’évaluer ce que Julien peut faire, qu’il liste lui-même les difficultés rencontrées. Dans une intégration comme celle-ci, chacun (Sameth , DRH , APF , médecin de prévention) a sa part de travail : nous mettons nos compétences en commun ».
La 1ère phase du bilan a fait ressortir que le profil de poste devait être redéfini afin que les fonctions de Julien soient davantage en adéquation avec ses capacités. Ses fonctions, tout en étant adaptées à son rythme de travail, doivent permettre un exercice de l’activité de manière autonome, une bonne gestion du stress et répondre aux besoins du laboratoire. Une formation, à laquelle participerait un expert dans les déficiences cognitives, pourrait également être mise en place pour accompagner Julien à ses nouvelles fonctions et construire les outils méthodologiques qui lui donneront la possibilité de gagner en autonomie.
Actuellement, Catherine Trémoulet attend le retour de l’encadrement de Julien sur la proposition de redéfinition des fonctions : « Notre volonté commune, avec le laboratoire, est de l’intégrer sur une fonction bien identifiée au sein de l’unité et en adéquation avec ses capacités. C’est ce que l’on veut réussir ».