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Ministère de l'intérieur et des outre-mer – Notre taux de conformité au RGAA progresse de 10 à 30% chaque année

Au sein du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, la Direction de la Transformation Numérique (DTNUM) porte la stratégie de mise en accessibilité numérique des sites et applications métiers du ministère et de ses nombreuses agences ou institutions affiliées.

Ministère de l'intérieur et des outre-mer. Liberté, Egalité, Fraternité

Un schéma pluriannuel d’accessibilité numérique 2022/2024 a ainsi été défini et décliné en un plan d’actions annuel. Aurélien Michel, référent accessibilité numérique du ministère, nous détaille les priorités et spécificités.

De quelle manière avez-vous travaillé pour définir votre schéma pluriannuel et vos plans d’actions en matière d'accessibilité numérique ?

Historiquement, depuis 2017, un comité Accessibilité numérique a été créé au sein du ministère avec des acteurs internes, notamment des agents de la direction de la communication (DICOM) et de la direction des ressources humaines ( ).

La DNUM (direction du numérique), puis la DTNUM ont ensuite porté ce sujet de l’accessibilité numérique en cherchant tout d’abord à cerner ce vaste sujet et à comprendre son impact sur le ministère au regard des lois, des normes et des directives de la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) et du Service d’Information du Gouvernement (SIG). Nous nous sommes intéressés à ce qui se faisait déjà au sein du ministère, mais aussi dans d’autres ministères comme celui de la transition écologique ou au niveau européen au Luxembourg par exemple, pays dont la législation est en avance sur l’accessibilité des applications mobiles. Ce terreau d’idées nous a permis de ne pas partir de rien et de définir une stratégie sur trois ans : notre schéma pluriannuel d’accessibilité numérique 2022/2024 se décline en plans d’actions annuels. Celui de 2024 est en cours de finalisation.

Quels acteurs impliquez-vous dans ces démarches ?

D’un point de vue stratégique, nous mobilisons à la fois des acteurs interministériels comme la DINUM et le SIG, mais aussi des acteurs internes au ministère : acteurs des champs du handicap, de la communication et de la RH.
Au niveau opérationnel, afin de couvrir toutes les directions et tous les territoires, nous avons créé un réseau de référents Accessibilité numérique. Chaque direction possède un référent et chaque préfecture a nommé un sous-préfet référent sur cette question. Sur la base des informations ministérielles, chaque direction et chaque territoire disposent ainsi d’une certaine autonomie pour appréhender la façon dont ils vont gérer le sujet.

L’ensemble des directions du ministère sont ainsi concernées, avec des modalités de fonctionnement différentes parfois, notamment entre les directions « support » et les directions « métiers ». Ces dernières travaillent notamment régulièrement avec des prestataires pour gérer les applications ou les sites ce qui implique une approche spécifique.

Quelles sont actuellement les grandes priorités du ministère en matière d’accessibilité numérique ?

Quatre grandes priorités sous-tendent notre action :

  • Former à l’accessibilité numérique les agents du ministère sur tout type de profil : designer, développeur, chef de projet, rédacteur de contenu… Ces formations sont soit des formations en ligne sur mentor.gouv.fr (formations mises en place par le SIG ou la DINUM), soit des ateliers proposés par la DINUM, soit des formations extérieures.
     
  • Mettre en conformité le plus rapidement possible les sites internet publics du ministère qu’il s’agisse des sites de démarches et des sites institutionnels. Nous réalisons actuellement de gros travaux pour uniformiser et prendre en compte le système de design de l’état. En effet, nous avons tellement de sites à gérer que si nous les travaillons un par un cela prendra trop de temps et d’argent. Le choix a donc été fait de mutualiser le travail avec la création de templates accessibles prêts à l’emploi. Cette approche est notamment mise en place pour la refonte des sites de Préfecture qui est en cours.
  • Mettre en conformité l’environnement de travail de nos agents : un travail complexe en raison de la diversité des outils et de difficultés plus importantes pour mutualiser. En effet, les outils métiers sont souvent anciens et gérés, depuis le début, par un ou des prestataires externes. Sur ces outils, nous avons opté pour une logique de refonte complète. Il y avait trop de choses à changer : nous avons préféré repartir de zéro.
     
  • Mettre en place un comité d’agents en situation de handicap qui puisse participer, sur la base du volontariat à des ateliers designs et à des réflexions sur des outils internes ou des sites publics. Ce comité est en cours de constitution et devrait être opérationnel début 2024. L’ensemble des services du ministère pourront le solliciter afin de venir tester / challenger les projets d’accessibilité numérique.

 

Pouvez-vous nous citer quelques exemples d’actions actuellement mises en place au sein de votre ministère ?

Au-delà des éléments évoqués ci-dessus, nous faisons en sorte que tous les nouveaux sites, applications ou applicatifs livrés ou en cours de refonte soient accessibles. C’est notamment le cas des sites internet des préfectures qui sont en cours de livraison sur cette fin d’année et le début 2024 : un bel exemple de projet efficacement mené en une année. D’autres services devraient être livrés en 2024 avec une accessibilité 100% conforme au RGAA.

Le très ancien site internet HISTOVEC a également été refondu avec les équipes internes de la DTNUM. Il doit être mis en ligne courant 2024 et sera 100% accessible.

A plus long terme, sur quels leviers pensez-vous focaliser votre action ?

La formation est un sujet à poursuivre sur la durée. Les équipes changent. Les technologies évoluent. Les besoins en formation perdurent donc.

De plus, nous avons conscience que nos modes de pratique ne sont pas adaptés à la multiplication des défis et à la vitesse à laquelle ils doivent être relevés. Nous devons mutualiser les ressources techniques et humaines et centraliser numériquement les projets pour être capable de répondre à ces défis. Nous ne pouvons pas laisser les équipes travailler seules dans leur coin !

En matière d’accessibilité numérique, quels résultats obtenez-vous ?

Nous suivons un certain nombre d’indicateurs, notamment la progression de notre taux de conformité au Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité (RGAA) sur l’ensemble de nos sites et applications. Cette dernière augmente de 10 et 30% par an. Certains projets évoluent plus rapidement que d’autres, mais tous progressent.

Quels conseils donneriez-vous aux employeurs publics qui souhaitent développer l'accessibilité numérique de leur organisation ?

Mon premier conseil serait de ne pas travailler tout seul dans son coin. Le travail en équipe pluridisciplinaire est important ainsi que le fait d’être accompagné notamment par la DINUM.

Autre élément à intégrer : le développement de la pratique d’UX-Design et de ses métiers dans les projets numériques. Nous avons trop tendance à nous reposer sur des prestataires. Nous devons l’intégrer en interne et recruter, au sein des ministères, des UX-Designers. Cela participe à la mutualisation des pratiques : uniformiser les pratiques via l’UX.

De la même manière, il me semble important de disposer de la compétence « audit » en interne. Cela peut se faire par des auditeurs qualité qui acquièrent la compétence d’audit en accessibilité numérique ou par des développeurs formés. En effet, le marché externe ne va pas pouvoir continuer à répondre aux besoins notamment à l’ouverture au secteur privé. Il est important d’internaliser ce volet audit pour anticiper le resserrement du marché. De plus, je trouve qu’il y a beaucoup de fausses promesses de la part de prestataires qui se vendent comme compétents sur le volet audit et le volet accessibilité alors que cela n’est pas le cas. Il faut vraiment le travailler avec des entreprises spécialistes de l’accessibilité numérique ou avec la DINUM.

Enfin, je conseillerai, lors du lancement de la démarche de mise en accessibilité numérique, de travailler uniquement avec les personnes volontaires pour avancer sur le sujet. Il est primordial de ne perdre ni énergie, ni temps à mobiliser des gens non mobilisables. Mieux vaut travailler avec des personnes convaincues, puis se servir de ces exemples pour motiver les autres et mutualiser les pratiques ou actions.

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