Structurer et piloter une politique handicap à l’échelle d’un groupement hospitalier territorial nécessite une impulsion et une organisation adaptée. Corine Durantay, Référente Handicap du GHT Hôpitaux Sud Lorraine et du CHRU de Nancy, nous fait part son expérience et de ses conseils.
Référente handicap au sein du CHRU de Nancy depuis 2011 (à temps plein depuis 2018), elle occupe aujourd’hui également cette fonction au sein du GHT Hôpitaux Sud Lorraine. Ce dernier emploie environ 15 000 agents au sein de onze établissements sur les quatre départements de l’ancienne région Lorraine.
De quelle façon la politique handicap a-t-elle été structurée et est aujourd’hui pilotée au sein du GHT Hôpitaux Sud Lorraine ?
Le CHRU de Nancy a conventionné avec le depuis 2018. En 2023, forte du constat du succès et de l’efficacité de cette convention, la direction a souhaité monter la convention au niveau du GHT en s’appuyant sur le recul et l’expertise du CHRU de Nancy. Il y avait une réelle volonté institutionnelle de capitaliser sur une convention mutualisée au sein des différents établissements afin de décliner une politique handicap à l’échelle du territoire du GHT. La direction générale du CHRU de Nancy a été moteur et a embarqué les directions des autres établissements lors de leurs réunions communes. Nos structures sont assez disparates, mais ont toutes nommé un référent handicap qui assure toutefois souvent d’autres missions.
En amont du conventionnement, 5 groupes de travail ont été mis en place ( , référent handicap, médecins du travail, ergonomes) afin d’identifier les besoins et objectifs de la future convention. Une dizaine de réunions ont ensuite été organisées dans chaque établissement afin d’expliquer ce qu’est le FIPHFP, ce qu’est le conventionnement et quels en sont les bénéfices et les difficultés.
Le choix a été fait de mettre en place une référente handicap au niveau du GHT qui puisse être l’interlocutrice privilégiée des agents et des établissements. Un réseau pluridisciplinaire d’acteurs a été constitué, ainsi qu’une méthodologie de travail commune.
En effet, pas ou peu de choses étaient mises en place jusqu’ici dans les autres établissements qui effectuaient surtout des demandes ponctuelles sur la plateforme des aides. Le centre hospitalier Ravenel était, de son côté, assez dynamique. Je me suis donc appuyée sur sa cellule handicap, qui assure également la mission de RHM (référent handicap mutualisé) pour le Grand Est.
Le recueil d’information pour savoir où en était la politique handicap dans les établissements s’est avéré assez long et complexe à mener. Il était toutefois indispensable afin de réaliser une projection sur 3 ans pour nos 11 établissements.
La convention du GHT avec le FIPHFP est effective depuis le 1er janvier 2023.
Quelle est l’organisation aujourd’hui retenue pour son pilotage ?
Nous avons désormais un référent handicap dans chaque établissement. Cet interlocuteur de proximité possède une connaissance fine sur le dialogue social de sa structure. Il est important que chaque établissement se sente concerné et motivé par la convention, en ayant l’appui et l’expertise du CHRU de Nancy.
Chaque mois, j’organise une réunion « Handi Cap Sud Lorraine » qui réunit l’ensemble des référents handicap, ergonomes et certains médecins du travail des 11 établissement. Un établissement différent accueille chaque mois cet échange qui est structuré autour de plusieurs temps forts :
- La Handi Minute sur les actualités du FIPHFP et les actualités générales du GHT
- Le Handi Mois à l’occasion duquel, chaque fois, une thématique est abordée et approfondie. Nous avons abordé le catalogue des interventions du FIPHFP, l’apprentissage ou encore certaines aides spécifiques comme les aides auditives ou l’étude ergonomique
- Les Handi Questions qui sont des retours d’expériences des participants
Ces rencontres sont toujours utiles et bienveillantes. Nous organisons la dernière réunion de l’année, le 25 juin 2024, en présence de Philippe Crenner, directeur territorial handicap ( ) du FIPHFP dans le Grand Est.
Elle sera l’occasion de faire un bilan de la 1ère année de convention. En septembre, j’ai la volonté que les référents handicap soient davantage forces de proposition sur les sujets et thématiques à traiter.
Les retours des référents sont très positifs. Ils occupent souvent d’autres fonctions RH et manquent de temps et personnes ressources en interne. Ces réunions leurs permettent de se sentir moins seuls, de poser leurs questions et d’échanger entre pairs.
Afin de les accompagner, je leur ai également distribué, en début de convention, un exemplaire papier du catalogue des aides du FIPHFP. Je leur donne également de façon régulière des informations sur l’offre de formation et de sensibilisation du Handi-Pacte du FIPHFP en Grand Est.
Concernant le pilotage plus spécifique de la convention, je centralise la saisie des aides sur la plateforme Pep’s. Afin d’organiser cela, j’ai mis en place un tableau mensuel de suivi reprenant les items de Peps pour me faciliter la saisie. Toutes les fins de mois, j’envoie un rappel à l’ensemble des référents handicap afin qu’ils remplissent et renvoient le tableau avec les pièces nécessaires à la saisie de la demande d’aides. Dans les 2 ou 3 semaines suivantes, je saisis les demandes et je fais un retour aux référents sur l’état d’avancement de leurs dépenses.
Quels conseils donneriez-vous à un établissement qui souhaite structurer sa politique handicap ?
En matière de structuration tout d’abord, il faut obtenir l’adhésion de la direction. Sans cela, rien n’avance. Il faut également s’entourer de l’ensemble des acteurs impliqués sur les questions d’emploi et de handicap : médecins du travail, ergonomes, assistantes sociales, psychologues. Il est primordial de construire son réseau en interne afin d’avancer tous dans la même direction et de ne pas rester seul. Ne pas hésiter également à prendre contact avec son DTH ou son Handi-Pacte régional. Ils sont des sources importantes de transfert d’information et de compétences.
Il est également intéressant de se construire un réseau avec d’autres établissements de sa région, qu’ils soient hospitaliers ou non. N’hésitez pas à aller voir ce qui se passe ailleurs pour construire et proposer des actions et événements. Le plus important est de ne pas rester seul et de pouvoir bâtir un réseau sur lequel s’appuyer.
En matière de pilotage, le maître mot est la rigueur. Il ne faut pas se laisser déborder par des choses administratives. Il faut mettre en place des process, par exemple un tableau de suivi des dépenses.
Il est également important de développer des relations avec les achats, la RH et les autres services : c’est un travail d’équipe qui se construit.
Je conseillerais également de réaliser la saisie sur Peps au fur et à mesure et de ne pas attendre la fin de l’année.
Enfin, pensez à vous professionnaliser au fil de l’eau en suivant un DU référent handicap par exemple et à rester en veille juridique sur ce qui peut évoluer.
