Au cœur de la commune de La Montagne, en Loire-Atlantique, la question de la mise en œuvre d’une période de préparation au reclassement (PPR ), s’est posée en 2019. Elle concernait un agent, en poste d’auxiliaire de puériculture. Suite à des arrêts maladie renouvelés, le comité médical a considéré qu’il ne s’agissait ni d’une grave maladie, ni d’une maladie professionnelle, mais a statué sur une inaptitude aux fonctions de son grade et une possibilité de reclassement.
La PPR : un dispositif utile pour construire son projet professionnel
« Il fallait alors trouver une solution », comme l’explique Camille Van Sevenandt, DRH de la Ville de La Montagne. « Or j’avais entendu parler de la parution du décret relatif à la PPR . Nous avons tout d’abord reçu l’agent en entretien pour lui exposer les deux options qui s’offraient à elle : une demande de reclassement immédiate ou le fait de s’engager sur une période de préparation au reclassement. A ce moment-là, l’agent n’était pas dans une phase d’acceptation, de deuil de son métier. Nous lui avons expliqué ce que cette année de PPR pourrait lui apporter, notamment pour réfléchir à son projet professionnel. Notre idée était qu’elle puisse suivre le maximum de formations possibles durant cette année et réaliser des immersions dans d’autres métiers / services : stage au service Formalités / Etat Civil, service RH .
Au départ, elle l’a fait par dépit. Puis, au fur et à mesure, elle a pris goût aux formations, aux métiers découverts lors des stages… En voyant l’envers du décor, cela a changé son image des métiers et des services de la collectivité. Cette période l’a vraiment aidée à apprécier d’autres métiers et à, petit à petit, faire le deuil de son métier.
Cette année de PPR a également permis à la Mairie de faire émerger des besoins non identifiés auparavant, comme l’accroissement de l’activité de la commune en urbanisme. Ce travail a permis, en septembre 2020, de reclasser cet agent sur un poste administratif, poste hybride au secrétariat du service RH , à celui du service Urbanisme et au service Courrier.
Le centre de gestion, maillon central de la PPR
La mise en œuvre de la PPR , dispositif qui en était alors à ses prémices, s’est faite pas à pas. Sous l’impulsion de la DRH , une première réunion a été organisée entre l’agent, la DGS et la DRH , en mai 2019, afin d’expliquer le dispositif. La Mairie a ensuite sollicité, mi-juin, le centre de gestion de la Fonction publique territoriale de Loire-Atlantique (CDG 44) pour connaître les possibilités d’accompagnement proposées.
Lors de ce premier rendez-vous, auquel participe un représentant de la collectivité, l’agent et le représentant du CDG qui va accompagner ce dernier, sont évoqués :
- Ce qu’est la PPR et son objectif
- Le projet de l’agent et les restrictions médicales qui le concernent
- Le plan d’actions qui sera celui de la PPR.
La convention tripartite entre l’agent, la collectivité et le centre de gestion est co-construite à ce moment-là. Elle est ensuite validée par le service de médecine de prévention, puis signée.
La PPR a alors pu démarrer au 1er septembre 2019. « La mise en place de la convention a été assez rapide : 3/4 mois », souligne Camille Van Sevenandt.
Le CDG assure ensuite un rôle d’accompagnement de l’agent et de la collectivité. Il met en place, en lien avec l’agent, une offre de formation adaptée à son projet professionnel. Cette dernière porte non seulement sur l’évolution professionnelle de l’agent, mais aussi sur des formations Métiers spécifiques.
Dans le cas de l’agent de la commune de La Montagne, le déroulé de la PPR a été le suivant :
- Participation à une formation d’accompagnement à la reconversion, créée par le CNFPT , animée par une psychologue du travail, pour aider à la réflexion sur les valeurs, les compétences de la personne, définir son projet professionnel et un plan d’actions ;
- Réalisation d’une enquête métier ;
- Plusieurs stages en immersion dans la collectivité ;
- Formations Métiers (excel, word…) avec le CNFPT ;
- Rendez-vous ponctuels avec le CDG 44, tout au long de l’année afin que l’agent puisse demander conseil en dehors de sa collectivité.
Comme le souligne Sophie Guillemot, conseillère en évolution professionnelle du CDG 44 : « Le regard extérieur du CDG est important. Il permet parfois de réinstaurer le dialogue entre l’agent et sa collectivité quand celui-ci a été perdu. Si chacun y met un peu du sien, même si la PPR n’aboutit pas à un reclassement à la fin, tout le monde en sort gagnant. De plus, aucune PPR ne se ressemble car chaque personne est différente. Pendant l’année de PPR tout est possible ; il ne faut se fermer aucune porte, être créatif et personnaliser la proposition. Mais la PPR n’est pas une année de formation, c’est une position statutaire. ».
Quelques conseils de terrain pour donner toutes ses chances à une PPR
Camille Van Sevenandt, DRH de la Mairie de La Montagne, et Sophie Guillemot, conseillère en évolution professionnelle du CDG 44, s’appuient sur l’expérience vécue lors de la mise en place de cette première PPR pour proposer quelques conseils et bonnes pratiques aux employeurs publics :
- Jouer carte sur table en expliquant à l’agent ce qu’est la PPR , comment elle fonctionne et être clair, dès le départ, sur les possibilités ou non de reclassement dans la collectivité.
- Donner la possibilité à l’agent de partir en formation et de s’immerger dans différents services pour savoir ce qu’il veut et lui montrer toutes les possibilités qui lui sont offertes.
- Laisser l’agent acteur du projet, tout en le soutenant car il s’agit d’une période de transition très inconfortable pour lui : il est complexe de faire le deuil de son métier.
- Prévoir des points d’étape réguliers avec lui (au moins une fois par mois) pour ne pas qu’il soit perdu et suivre sa réflexion sur son évolution professionnelle même si un reclassement en interne n’est pas possible.
- Faciliter la mise en réseau de l’agent avec d’autres employeurs, activer son propre réseau RH , pour qu’il puisse découvrir des métiers/ services non présents dans la collectivité.
- Ne pas hésiter à faire appel aux centres de gestion que ce soit pour un accompagnement ou pour aider à la recherche de financements.
Sophie Guillemot souligne un point important : « Une PPR n’aboutit pas toujours à un reclassement au sein de la collectivité de rattachement. Mais elle débouche toujours sur quelque chose de positif : que ce soit le reclassement dans une autre collectivité, dans une autre Fonction publique, dans le secteur privé ou à un départ en retraite ou un licenciement pour invalidité. Même dans ces derniers cas, la PPR donne le temps à l’agent de se préparer, de faire le deuil de son métier et de beaucoup mieux appréhender et accepter cette issue. Dans tous les cas, cela permet de se lancer dans une nouvelle dynamique ».
Cette 1ère PPR a donc été mise en place avec succès au sein de la commune de la Montagne. L’agent a pu être reclassé et le service RH compte mobiliser à nouveau le dispositif à l’avenir. « Quand je vois cette personne aujourd’hui : épanouie, rayonnante. Je me dis que nous avons réussi », se réjouit Camille Van Sevenandt. « S’il n’y avait pas eu la PPR, nous n’en serions pas là. C’est quelque chose de très positif. Elle a trouvé sa place. Elle est désormais partie intégrante du service RH . Comme cette 1ère PPR s’est conclue par un succès, je me dis que les prochaines devraient aussi bien se passer ! ».
Retrouvez le témoignage de l'agent bénéficiaire de cette PPR au sein de la Mairie de la Montagne en cliquant ici.