Les comités locaux déclinent, dans les régions de France, les décisions politiques prises par le comité national du FIPHFP . Ce maillon est essentiel pour favoriser l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap sur l’ensemble du territoire. Il nécessite une coordination entre les instances et des relations régulières qui passent notamment par les membres issus des représentants des personnels.
Regards croisés de deux d’entre eux : Yvonnick Lavollée et Christophe Roth. Actuellement membres du comité national du FIPHFP , ils ont siégé au sein de comités locaux.
Faire remonter l’information du terrain
Yvonnick Lavollée siège au comité national, en qualité de représentant de Force Ouvrière. Cet ancien membre du comité local des Pays de la Loire (2006-2012) est en poste au Ministère de l’Agriculture, à sein de la DDTM de Vendée. Il vit au quotidien cette complémentarité qui selon lui « passe notamment par le réseau au sein de l’organisation professionnelle ». « Des réunions régulières (1 à 3 fois par an) sont organisées entre les représentants au comité national et les représentants au sein des comités locaux. A l’occasion de ces échanges, nous essayons d’aborder et de faire remonter les problématiques liées à certains conventionnements, à des dossiers difficiles ou encore aux questions de communication et de sensibilisation. Notre objectif : être le plus efficace possible pour accompagner les agents. Les membres des comités locaux doivent être le plus possible en contact avec les délégués du personnel des employeurs publics et des services concernés, surtout en cas de situation difficile ».
En matière de transmission d’information, les échanges se font également à plusieurs niveaux : « Les décisions prises en comité national et la position de l’organisation professionnelle font l’objet d’une communication interne via des réunions, des publications spécifiques et un site internet dédié aux aspects Travail et Handicap. Le travail des comités locaux est vraiment complémentaire à celui réalisé par le comité national. Les organisations syndicales font remonter l’information directement du terrain. Cela peut permettre de mettre en place rapidement des actions efficaces pour les employeurs et les personnels. Il est également indispensable que les comités locaux s’emparent des décisions du comité national. Les forums régionaux servent à cela. Ils sont nécessaires, tout comme l’organisation d’une rencontre nationale des comités locaux au moins une fois par mandature, comme cela a été le cas en 2012 au début de ce mandat ».
Suivre et évaluer les conventions au plus près des employeurs
Quant à l’avenir, l’actuel comité national a choisi de faire évoluer les choses : « Pour aller plus loin, il nous a semblé indispensable de disposer d’un outil d‘évaluation, afin que les comités locaux s’imprègnent des décisions du comité national. Cet outil, qui prendra la forme d’une Commission dédiée, devrait permettre de mieux appréhender la manière dont fonctionnent les remontées d’information et celle dont travaillent les comités locaux.
Au niveau des comités locaux, deux aspects me semblent également importants à développer : le suivi des conventionnements et l’évaluation par la voie interne (via les représentants du personnel de l’employeur public) au-delà de l’étude du dossier administratif. Des éléments à prendre en considération pour rendre les conventions les plus efficaces possibles et accompagner ainsi au mieux les agents qui en ont besoin ».
Un fonctionnement efficace qui sera mis à l’épreuve par le « big bang » territorial
Outre ses nouvelles fonctions de délégué national CFE CGC Santé au travail et Handicap, Christophe Roth siège au comité national du FIPHFP pour la CFE CGC . Membre du comité local de Basse-Normandie, il exerce son activité au Ministère de l’intérieur, dans la police nationale.
« Le FIPHFP travaille de manière efficace et sérieuse », explique-t-il. « Le bilan de son action est positif, mais les difficultés économiques actuelles vont surement imposer de repenser son mode de fonctionnement : l’effet « ciseaux » des courbes de contribution et de dépense va impliquer la recherche de nouveaux financements pour pérenniser le fonds.
Le FIPHFP est un outil qui a fait ses preuves en 10 ans. L’établissement public réalise un travail très sérieux. Le comité national et le conseil scientifique produisent des outils et supports de qualité qui s’appuient sur les territoires et leurs problématiques. Les comités locaux et les forums régionaux sont importants dans cette optique.
Le big bang territorial actuel sera positif à terme pour mettre en place de nouveaux outils et de nouvelles méthodes opérationnelles. Il oblige à repenser le fonctionnement des instances et, en raison des distances, à penser de nouvelles modalités de mise en relations (comme les visioconférences) ».
Un aspect important du travail des comités locaux concerne l’étude des dossiers de conventionnement, or, comme le souligne Christophe Roth : « Les collègues qui siègent dans les comités locaux n’ont pas le temps, ils ne peuvent pas étudier les dossiers suffisamment en amont des conventionnements. Il manque, de mon point de vue, une commission qui évalue les conventions préparées avant qu’elles ne passent en comité. Il faut dynamiser le travail au niveau des régions avec une commission « évaluation des conventions » avant le passage en comité local ».
Des comités locaux demandeurs d’information, de formation et de mise en réseau
La formation est également un enjeu: « Les membres des comités locaux ont la possibilité de faire des formations. Ce sont des outils appréciables et appréciés qui leur permettent d’avoir une vision globale sur le handicap, sur le FIPHFP et sur ses missions. Il existe une véritable attente des membres de comités locaux. Ils sont très motivés et demandeurs d’expertise. Dans cette optique, la CFE CGC a rédigé et mis à disposition de l’ensemble de ses représentants un guide sur le Handicap. Il est important de mettre en commun les outils utiles, de les partager ».
L’animation de réseau, national ou régional, via les comités locaux ou les HandiPacte va également dans le sens de la complémentarité. « Le réseau Handipacte est un outil très ingénieux. Son principe : mutualiser les bonnes pratiques au niveau régional. Il faut toutefois que les associations, les représentants du personnel, les administrations n’aient pas peur de se réunir, d’échanger ouvertement pour faire avancer les choses », souligne Christophe Roth.
L’enjeu du numérique
Lorsque l’on évoque l’avenir, ce dernier rebondit immédiatement sur le grand chantier de la prochaine mandature : le numérique. « Nous sommes dans une situation d’évolution constante du monde professionnel, forcément génératrice de stress. Il est parfois compliqué d’anticiper et de suivre des situations professionnelles où peuvent survenir des burn-out et parfois des situations de handicap. De nouveaux outils doivent être mis en place en matière de veille et de sensibilisation.
La question du handicap psychique doit notamment être abordée via de nouveaux outils et être intégrée de manière spécifique dans les conventions. Il faut être innovant sur ce sujet et le placer au cœur de la prochaine mandature.
L’humain est au cœur de ces projets d’avenir. Il faut que nous développions des axes de réflexion pour que les personnes en situation de handicap puissent mener une carrière sans discrimination en termes de notation, d’avancement ou de salaires… », conclut-il.