Pour mieux comprendre le rôle et l’impact de la plateforme de prêt AIDATECH Sud PACA, le Handi-Pacte du FIPHFP en Provence-Alpes-Côte d'Azur a été à la rencontre de Frédéric Alary, responsable du dispositif, d'Anne-Céline Guerraz, référente Handicap à la Ville de Marseille, et d'Estelle Candelon, chargée de gestion du handicap à la Ville de Marseille.
Ensemble, ils ont partagé leurs visions sur cette plateforme innovante, dédiée au prêt et au conseil en compensations techniques et son importance pour favoriser l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap.
Frédéric Alary, vous êtes le responsable de la plateforme AIDATECH SUD PACA.Pouvez-vous nous présenter le dispositif et ses objectifs ?
FA : AIDATECH est une plateforme régionale qui offre des conseils et des prêts en compensations techniques et numériques aux personnes en situation de handicap sur la région SUD PACA. Notre mission est de lever les freins liés au handicap dans les différentes étapes du parcours professionnel (insertion ou maintien dans l’emploi) en mettant à disposition des moyens techniques et/ou numériques adaptés à leurs difficultés. Nous proposons également un showroom, adossé à une base logistique, situé à Aix-les-Milles, où nous accueillons nos partenaires et organisons des réunions.
Quelle est la genèse de ce projet ?
FA : L'idée est née d'un double constat. D'une part, au sein de l'URAPEDA, nous avons observé la nécessité de tester le matériel pour valider les plans de compensation, ce qui nous a conduits à acquérir des équipements sur nos fonds propres. D'autre part, les financeurs ont remarqué que certains matériels n'étaient pas utilisés et qu'il était essentiel d'accompagner les personnes en situation de handicap dans la préconisation et la prise en main des compensations techniques ou numériques, d'où le besoin de mettre en place une plateforme de prêt et de conseils.
Anne-Céline Guerraz, pouvez-vous nous expliquer dans quel contexte vous avez découvert le dispositif AIDATECH SUD PACA et quels étaient vos besoins particuliers à ce moment-là ?
ACG : En 2022, la Ville de Marseille a entrepris une structuration ambitieuse de sa politique handicap. Avec le soutien des élus et de l’administration, nous avons constitué des groupes de travail et signé, en janvier 2023, une première convention avec le FIPHFP. Cette structuration a révélé de nombreux besoins en aménagements de postes de travail. C’est en octobre 2023, via le réseau Handipacte PACA, que nous avons découvert AIDATECH. Cette plateforme représentait une réponse concrète à nos besoins immédiats, notamment dans l’attente de la finalisation d’un marché public dédié à l’achat de matériel de compensation.
Estelle Candelon, comment s’est déroulé le processus de mise à disposition du matériel par AIDATECH ?
EC : Notre expérience avec AIDATECH a été positive. Le processus est réactif et bien structuré. Par exemple, nous avons pu obtenir rapidement deux fauteuils ergonomiques pour des agents ayant des besoins spécifiques. Le formulaire de demande de prêt est simple à utiliser et, une fois la demande envoyée, un technicien nous rappelle systématiquement pour affiner l’évaluation des besoins de l’agent. Leur expertise et leur professionnalisme sont à souligner.
ACG : Je tiens à préciser que la Ville de Marseille applique des procédures strictes dans le cadre de ses marchés publics afin de garantir plus grande rigueur possible dans l’utilisation de l’argent public. Cela peut parfois entraîner des délais plus longs qui doivent être pris en compte dans les modalités de notre partenariat avec le dispositif. Jusqu’à présent AIDATECH a su faire preuve de souplesse et privilégier le bien-être de l’agent avant tout. Nous avons notamment pu obtenir des prolongations de mise à disposition de matériel.
Quels sont les bénéfices concrets observés grâce à la plateforme ?
ACG : L’un des principaux avantages est la possibilité d’expérimenter des équipements avant d’engager des achats définitifs. Cette approche réduit le risque d’investissement dans du matériel inadapté et permet d’optimiser les ressources publiques. Nous avons même intégré ce principe de phase de test dans notre futur marché d’achat de matériel ergonomique.
EC : Un autre bénéfice est l’accompagnement offert par AIDATECH. Le prêt de matériel s’accompagne d’un suivi et de conseils d’utilisation. De plus, leur site internet est un atout : il est intuitif, clair et exhaustif, ce qui facilite l’accès à l’information pour les employeurs et les agents en situation de handicap.
Quels sont les défis et axes d’amélioration pour la plateforme de prêt ?
FA : Nous souhaitons renforcer notre capacité de réponse en élargissant notre stock de matériel et en renforçant nos équipes. Nous envisageons également d'améliorer la qualité de nos services, et de développer le recyclage de matériel non utilisé par les employeurs. De plus, nous ambitionnons de nous diversifier en nous orientant vers des secteurs tels que l'industrie ou le milieu hospitalier, en allant à la rencontre des établissements concernés.
EC : Le premier point d’attention que je voudrais soulever, c’est que la plateforme AIDATECH peut être en quelque sorte « victime de son succès » ce qui peut entraîner une augmentation des délais de mise à disposition du matériel. De plus, il est important d’éviter de créer de faux espoirs : lorsqu’un agent teste un matériel, il faut s’assurer que nous aurons les moyens de pérenniser la solution par la suite.
ACG : Enfin, pour optimiser encore davantage le dispositif, il serait intéressant de mieux prendre en compte le degré de structuration de la politique handicap des organisations publiques qui sollicitent AIDATECH. Chaque collectivité a ses spécificités, et une approche plus personnalisée pourrait encore renforcer l’efficacité du partenariat.
Conclusion : un dispositif pertinent à consolider
Grâce à son approche pragmatique et son expertise technique, AIDATECH SUD PACA est un acteur clé dans l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap. Son succès témoigne d’un besoin réel et grandissant, et les retours des employeurs soulignent la pertinence du dispositif. Reste désormais à renforcer les capacités de la plateforme pour répondre toujours mieux aux attentes des employeurs et des bénéficiaires.