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PACA - Quand l’innovation soutient l’inclusion : l’expérimentation des exosquelettes au centre hospitalier d’Aubagne

Pour favoriser le maintien dans l’emploi des agents en situation de handicap, le centre hospitalier d’Aubagne expérimente l’usage d’un exosquelette, le HAPO CS. Rencontre croisée avec Pascale Billault, Chargée de mission handicap et ergonomie, pilote du projet, et Marjorie Adrian, infirmière, bénéficiaire de cette initiative.

Personnels du centre hospitalier d'Aubagne essayant les exosquelettes

Comment est né ce projet d’exosquelette ?

Pascale Billault : Ce projet est né dans le cadre d’un appel à projet de l’ARS PACA « Qualité de Vie et des Conditions de Travail EHPAD : exosquelettes ». Il a été initié dans l’établissement par Sandrine Olk, DRH au centre hospitalier d’Aubagne à cette époque. La mise en place de ce projet m’a donc été confiée, au titre d’une étude ergonomique réalisée à l’EHPAD de la Maison Du Parc, dans le cadre de la prévention des Troubles Musculosquelettiques. L’idée étant de prendre soin des soignants, de réduire la pénibilité au travail ainsi que de prévenir les risques professionnels notamment lors des postures contraignantes (mobilisation de patient, port de charge).

Marjorie Adrian : De mon côté, j’ai été sollicitée pour participer à l’expérimentation car j’avais déjà des douleurs récurrentes au dos. L’idée de pouvoir bénéficier d’un dispositif pour soulager mon quotidien m’a tout de suite intéressée. C’est un beau signal envoyé aux soignants.

Quels types d’exosquelettes ont été choisis et pour quelles activités ?

Pascale Billault : Après plusieurs essais réalisés auprès des personnels de l’EHPAD, c’est l’exosquelette HAPO CS qui a été choisi, en concertation avec le fournisseur ERGOSANTE (Entreprise Adaptée), ce modèle étant adapté à la morphologie féminine. Les agents bénéficiaires des exosquelettes ont été identifiés sur la base des restrictions établies par le Médecin du travail. Trois aides-soignantes et une Infirmière Diplômée d’Etat ont pu ainsi réaliser des essais pour 2 types d’exosquelettes. Les soins de nursing, particulièrement contraignants en termes de posture, ont permis de valider le choix définitif du matériel.

Marjorie Adrian : J’ai testé les deux modèles proposés, et c’est vrai que le HAPO était celui qui me convenait le mieux. Je l’ai utilisé principalement lors des soins de réinstallation des résidents, là où l’on sollicite beaucoup le dos. C’est dans ces gestes répétitifs et pénibles qu’on ressent réellement l’apport de l’exosquelette.

Comment ce projet s’intègre-t-il dans la politique handicap du centre hospitalier ?

Pascale Billault : Ce projet s’intègre dans la politique handicap de l’établissement d’une part, dans le cadre du maintien dans l’emploi de nos personnels, et d’autre part, dans la prévention des TMS. Il pourrait prévenir certaines situations de handicap, voire les éviter. Notre établissement est conventionné avec le FIPHFP. L’avenir nous invitera certainement à transmettre des propositions d’équipement, au bénéfice de personnels Bénéficiaires de l’Obligation d’Emploi.

Marjorie Adrian : En tant qu’agent concernée, je peux témoigner que ce type de dispositif est en quelque sorte une vraie reconnaissance. Il montre que l’hôpital cherche des solutions concrètes pour accompagner les professionnels et ne pas les laisser seuls face à la douleur ou aux difficultés physiques.

Quels sont les résultats observés et vos retours après plusieurs mois d’utilisation ?

Pascale Billault : Une première évaluation a été réalisée après 2 mois d’utilisation. Ce point d’étape a permis certains réajustements quant à l’utilisation des exosquelettes. Il est apparu par exemple qu’il est préférable de ne pas utiliser le matériel durant toute la journée de manière continue. De même, nous avons dû mettre en place une procédure particulière de nettoyage du matériel afin de respecter l’ensemble des normes spécifiques au domaine hospitalier.

Par ailleurs, il sera nécessaire d’assurer un suivi régulier des agents, tant avec le médecin du travail qu’avec le prestataire, afin de toujours s’assurer de la bonne utilisation du matériel et des bénéfices à moyen et long terme. Idéalement, ce projet pourrait être développé pour d’autres soignants, dans différents services de l’hôpital.

Marjorie Adrian: Au début, j’ai eu des douleurs entre les omoplates à cause d’un mauvais réglage. Mais une fois l’ajustement fait, j’ai vraiment ressenti une amélioration. Je force beaucoup moins, surtout quand il s’agit de réinstaller les résidents. Et le plus marquant, c’est la différence en fin de journée : mes douleurs sont nettement réduites. Il y a encore quelques contraintes, comme pour aller aux toilettes, mais on s’habitue.

Vue de l'exosquelette de dos

Quelles ont été les réactions autour de vous ?

Marjorie Adrian : Les collègues et les résidents étaient très curieux. Beaucoup me demandaient comment ça fonctionnait, si c’était lourd, si ça aidait vraiment. Cela a permis d’ouvrir le dialogue autour des aides techniques, et certains collègues se sont même montrés intéressés par la démarche.

Un dernier mot pour conclure ?

Pascale Billault : La sensibilisation et l’information des personnels et acteurs de terrain en début de projet est essentielle. Il m’apparait absolument primordial de prendre le temps d’expliquer la démarche aux personnels et à l’encadrement afin d’obtenir leur adhésion au projet. Il est fondamental également de réaliser des essais en condition d’activité, idéalement sur plusieurs jours, afin de pouvoir comparer les différents types de matériels. L’étude ergonomique permet d’identifier les postures contraignantes et de faire un rappel de bonnes pratiques au niveau des gestes, postures et manutention. Elle est une étape indispensable à la mise en place de ce type de matériel. Enfin, la formation à l’utilisation et à l’entretien du matériel est nécessaire, afin d’optimiser son utilisation.

Marjorie Adrian: C’est une chance d’avoir pu tester cet équipement. Si je devais suggérer une amélioration, ce serait un meilleur maintien au niveau de la colonne entre les omoplates. Mais pour moi, c’est un vrai pas en avant pour le bien-être au travail.

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