Cette fin d’été, à l’occasion des Jeux Paralympiques de Paris, de nombreuses médailles françaises seront vraisemblablement remportées par l’un des 28 parasportifs de haut-niveau du Ministère des Armées. Rencontre avec Erwan Lebrun, Directeur Technique des Sports Militaires, pour en savoir plus sur ce bataillon de para-athlètes appartenant à l’Armée de champions.
Qu’est-ce que l’Armée des Champions ?
L’Armée des Champions est le dispositif de soutien du Ministère des Armées au sport de haut-niveau français. Mise en place en 2014, elle est l’héritière du Bataillon de Joinville et compte actuellement 224 membres. Elle regroupe non seulement les athlètes appartenant à ce renommé bataillon, mais aussi les sportifs de haut-niveau issus des rangs militaires. Elle intègre 36 para-athlètes de haut-niveau et des militaires blessés en opération qui se reconstruisent par le sport.
Le dispositif de l’Armée des Champions est l’un des plus gros contributeurs au sport de haut-niveau français par le volume d’athlètes (entre 15 et 17% de la délégation française aux Jeux Olympiques et Paralympiques) et par le nombre de médailles (50% des médailles d’or lors des Jeux). Nous accompagnons des athlètes et para-athlètes de très, très haut-niveau. Le dispositif leur permet d’être plus performants en se consacrant à leur pratique sportive.
Comment le Ministère des Armées recrute-t-il et accompagne-t-il concrètement les para-athlètes de haut niveau tant du point de vue sportif que professionnel ?
La 1ère condition pour intégrer l’Armée des Champions et devenir sportif de haut-niveau de la défense (SHND) est d’être inscrit sur les listes de haut-niveau du Ministère des Sports dans les disciplines individuelles. Ensuite chaque fédération sportive et handisport propose un athlète, en fonction de son niveau de performance sportive, en commission annuelle de recrutement. L’Agence nationale du sport et le Comité national olympique du sport français (CNOSF) émettent un avis, puis le commandant du Centre national des sports de la défense (CNSD), commissaire général aux sports militaires, prend une décision.
Le candidat retenu signe un contrat (militaire ou civil de la Défense) de catégorie C de deux années, renouvelables jusqu’à six ans. Il est agent de l’Etat, sous le statut général de militaire.
En tant que membres de l’Armée des Champions, nous demandons aux athlètes et para-athlètes :
- d’être performants,
- d’être attachés aux valeurs militaires,
- de communiquer sur leur appartenance au Ministère des Armées,
- de participer aux activités qui leur sont proposées.
Au-delà d’une rémunération, le dispositif de l’Armée des Champions offre un accompagnement socio-professionnel global : l’athlète est suivi, formé et accompagné en fin de carrière. La performance est, de son côté, travaillée dans les clubs, à l’INSEP ou dans les pôles de haut-niveau où les athlètes continuent de s’entraîner. Nous permettons à ces sportifs de passer d’un statut de sportif amateur à un statut de sportif professionnel. Le dispositif leur permet de se concentrer sur les aspects les plus importants du sport de haut-niveau : entraînement, récupération, sommeil, alimentation.
Chaque athlète de haut-niveau est affecté à l’une des trois armées, à des services interarmées ou à la Gendarmerie et parrainé par une unité militaire. Cela lui permet de mieux comprendre ce qu’est le milieu militaire, mais aussi de mieux connaître les métiers au sein du Ministère pour favoriser leur reconversion.
Chaque année, l’athlète est évalué selon ses résultats sportifs, son comportement lors des stages militaires, sa communication, sa réponse aux sollicitations. En fonction de ses performances, il peut passer sous-officier ou agent de catégorie B pour les sportifs paralympiques.
Ces para-sportifs qui investissent aujourd’hui leur temps et leur énergie dans leur entraînement sont aussi accompagnés au terme de leur carrière sportive vers une nouvelle carrière professionnelle. Un guide publié en 2024 et réalisé par la direction des ressources humaines du Ministère des Armées et le Centre National des Sports de la Défense leur présente le parcours de reconversion et d’accompagnement dans leur future vie professionnelle. Ils sont ainsi informés des possibilités d’intégration au sein du Ministère pour ceux qui le souhaitent. La majorité d’entre eux retourne à la vie civile, mais nous sommes en mesure de leur proposer un poste au regard de leur qualification.
Une athlète comme Marie Bochet, octuple championne paralympique de ski, membre de l’Armée des Champions, se pose ainsi la question de rester dans l’institution. Elle travaille actuellement sur l’organisation des Jeux de Paris et réfléchit à la suite de sa carrière professionnelle.
Quels sont les para-athlètes de l’Armées des champions qui seront engagés sur les Jeux ?
26 para-athlètes et 2 anciens militaires blessés de haut-niveau seront engagés sur les Jeux Paralympiques, soit 80% des effectifs de l’Armée des Champions. Ils seront présents dans de nombreuses disciplines : para athlétisme, volley assis, para canoé, para tir, para natation, para cyclisme, para triathlon, para judo, escrime fauteuil… Ils devraient être en mesure de remporter une vingtaine de médailles. Nous avons la chance d’avoir un niveau très élevé parmi les para-athlètes de l’Armée des Champions.
Je pense notamment à Marie Patouillet, para cycliste et médecin, ou à Sandrine Martinet, para judokate et kinésithérapeute, qui a intégré l’Armée des Champions depuis un an pour se consacrer à 100% à sa préparation.
Je peux également citer Benjamin Daviet qui s’alignera pour la première fois sur des Jeux d’été en para aviron après avoir été multimédaillé aux Jeux d’hiver en para ski de fond.
Autre exemple inspirant, celui de Rémy Boullé, ancien militaire blessé lors d’un accident de saut en parachute et médaillé de bronze à Tokyo en para canoé. Il a tout mis en œuvre pour performer à Paris et se trouve dans une dynamique très positive avec un titre de champion d’Europe sur 200 mètres en juin dernier.
Il faudra suivre leurs performances !