Mardi 5 septembre, la 4ème étape du Tour de France des handicaps invisibles a accueilli près de 150 personnes à Aix-en-Provence, dans les locaux d’Aix-Marseille Université. Cet événement a été l’occasion d’effectuer un focus sur de la thématique « Cancer et emploi ». Une matinée riche en témoignages et en échanges.
Eric Berton, Président d’Aix-Marseille Université, Françoise Descamps-Crosnier, Présidente du , et Didier Mamis, Secrétaire général pour les affaires régionales de la Préfecture des Bouches-du-Rhône ont introduit la manifestation avant de laisser la scène à Adda Abdelli, comédien de la série Vestiaires, pour une session « brise-glace » autour des handicaps invisibles.
Cancers : de quoi parle-t-on ?
Le 1er temps fort de la matinée a ensuite porté sur le sujet des cancers et de l’emploi. Elise Courcault, responsable de mission au sein de l’Institut National du Cancer (INCA) a dressé un état des lieux du cancer en France rappelant que les cancers touchent actuellement 3,8 millions de personnes. Elle est également revenue sur les différentes familles de cancer, les défis majeurs de la recherche et les outils développés par l’INCA en matière de prévention et de maintien en emploi des personnes atteintes d’un cancer.
Sur ce dernier point, la priorité de l’Etat et de l’INCA est de favoriser le maintien et le retour en emploi des personnes atteintes d’un cancer. Des initiatives comme la « Charte Cancer & Emploi » et le Club des entreprises Cancer et emploi vise à outiller les organisations pour qu’elles accompagnent leurs collaborateurs touchés par le cancer.
Norbert Vey et Pierre Dantin de l’Institut Paoli Calmette (IPC), centre de lutte contre le cancer de Marseille, ont ensuite pris la parole afin de présenter deux programmes portés par l’IPC : « Cancer hors les murs » et « Rebonds ».
"Au sein de l'institut IPC (Paoli Calmette), il existe le programme Cancer Hors les murs qui s'adresse à la question du patient qui revient dans la vie active : Comment est-on capable de suivre ces patients qui reviennent à une nouvelle vie ? Comment peut-on les accompagner ? Les personnes malades du cancer, qui sont très suivies par nombre d’acteurs médicaux tout au long de la prise en compte de leur maladie lors des traitements, et ceci pendant de longs mois, voire plusieurs années, se retrouvent complètement seuls, livrés à eux-mêmes, pratiquement du jour au lendemain, dès lors qu’ils sont considérés comme guéris. C’est ce qui nous a interpelés et qui nous a conduit à mener une réflexion."
Professeur Norbert Vey, Directeur général de l’Institut Paoli Calmette.
Le programme Rebond, lancé en 2017, développe une prise en charge utilisant les leviers de la performance dans le sport de haut niveau sur des patients atteint d’un cancer ou en rémission. Il s’agit de mesurer les bienfaits du sport, sous toutes ses formes et d’associer management de la performance sportive et activité physique adaptée.
"Pour sortir de la maladie il faut un mental d'acier, et les compétences acquises durant cette lutte contre la maladie, sont acquises. Celles-ci les dotent de tous les outils pour se rétablir, dès lors qu'on les considère non plus comme des patients, mais plutôt à l'aune de leur personnalité et à leurs défis choisis."
Pierre Dantin, Directeur adjoint du Laboratoire « Management Sport Cancer » au sein de l’Institut Paoli Calmette.
Enfin, Virginie Copin, coordinatrice au sein de l’Association Cap Verdon, a complété ces propos sur l’importance d’une activité physique adaptée que ce soit pour le lien social ou pour la confiance en soi : « Nous constatons souvent une peur forte de l'échec suite aux conséquences de la maladie. La pratique d’une activité sportive adaptée permet de créer du lien, en dehors des cours, de parler moins souvent de la maladie. Cette reprise de confiance en soi, confiance en son corps, passe aussi par l'acceptation de sa nouvelle image, de son nouveau soi ».
Organiser le retour et le maintien en emploi des personnes atteintes d’un cancer
Françoise Mackowiak, médecin du travail & de prévention, Marie Muzzarelli, Directrice Adjointe Maison départementale personnes handicapées Bouches-du-Rhône, Gilles Pons, Directeur du Cap emploi 04 et Thierry Allemand, Directeur territorial au handicap du Provence Alpes Côte d’Azur et Corse ont ensuite évoqué l’importance et les modalités à mettre en œuvre pour le retour et le maintien en emploi des travailleurs atteints d’un cancer.
En effet, comme l’a rappelé Françoise Mackowiak, médecin du travail & de prévention : « Les situations engendrées par la survenue d’un cancer sont des enjeux clés en termes de retour et de maintien en emploi. On constate souvent un arrêt de travail souvent long : plusieurs mois et bien plus. Seuke une petite partie des personnes qui souhaitent travailler pendant leurs traitements y parviennent réellement, ceci en raison des conséquences des traitements.
Pour les personnes touchées, la maladie a des incidences économiques claires, ne l’oublions pas ! Car, sans emploi, se pose la question des revenus. Les conséquences sont aussi psychologiques, puisque travailler fait partie de notre identité ».
Des initiatives locales, en PACA, en matière de maintien et de retour en emploi ont ensuite été évoquées à travers le retour d’expérience d’Aix-Marseille Métropole en lien avec la Ligue contre le cancer et l’initiative de l’association La Niaque qui vise à accompagner les malades vers l’emploi.
Mathilde Buhot travaillant au sein de la Niaque Asso a tenu a rappelé que : « Il y a deux points clé pour un retour réussi en emploi : prendre le temps de s’occuper de soi et de se rétablir avant de reprendre le travail. Après la déflagration causée par le cancer, certaines personnes culpabilisent, souvent sous la pression de leur entourage, et de la société en général, et ont hâte de retourner travailler. Un retour trop précoce et non préparé est très souvent un échec ! ».
Stéphanie Amadei, agent au sein d’Aix Marseille Métropole, a souhaité partager son retour d’expérience et inciter les personnes atteintes par la maladie à parler de cette dernière : « Il est essentiel de ne pas avoir peur de parler, encore et encore, d’expliquer comment l’on se sent, de dire combien les conséquences de la maladie sont terribles, combien elles bouleversent tout ».
En clôture à cet événement riche en informations et en échanges, Michel Caillol, directeur de Médecinéthique, a effectué une synthèse des propos de la matinée et partagé sa propre expérience et sa prise de recul sur le sujet.
Thierry Allemand, directeur territorial handicap du FIPHFP en Provence Alpes Côte d’Azur et Corse et Sévérine Baudouin, directrice adjointe du FIPHFP, ont ensuite répondu aux questions de la salle et remercier les participants de leur présence et de leur implication !
Replays de l'événement